jeudi 6 février 2014

L'homosexualité est-elle biologique ?

Je viens de lire dans le Nouvel Observateur, une très bonne interview de Jacques Balthazart pour la sortie de son livre "Biologie de l’homosexualité". Je ne polémiquerai pas sur la stupidité des commentaires de cet article mais plutôt sur le fond que je trouve intéressant. La plupart des ouvrages publiés sur le sujet présentent l’homosexualité comme la résultante d’une enfance ou d’un environnement particulier. Cependant, on peut se poser la question d'une composante biologique de l’homosexualité et essayer de comprendre comment une caractéristique comportementale assez sophistiquée peut être éventuellement déterminée par des facteurs biologiques.

Jacques Balthazart est à la tête du Groupe de recherches en neuroendocrinologie du comportement à l’université de Liège. Il étudie les mécanismes hormonaux et nerveux qui contrôlent les comportements dits instinctifs. Les hormones pendant la vie embryonnaire ou les premiers stades du développement après la naissance ont un impact important. Elles modifient la structure du cerveau à un stade précis du développement et ce, de manière irréversible. Loin de moi l'idée de lister les articles scientifiques mais plutôt d'en discuter les conclusions. Ces données scientifiques montrent les effets génétiques indirects de l'effet organisateur des hormones. Par exemple, il est possible de fabriquer des rats et des furets mâles qui deviennent homosexuels ou bisexuels à tendance homosexuelle, en manipulant les conditions hormonales. Cependant, rien ne prouve que ce déterminisme hormonal existe aussi chez l’homme. On peut mettre en avant la continuité évolutive des espèces mais il ne faut pas oublier que le cortex est une structure plus développée chez l'Homme et encore moins sous-estimer l'impact de l’éducation sur nos comportements - on n'est pas que des animaux !

Devient-on homosexuel ou naît-on homosexuel ? Pour ma part, je ne pense pas que l'incidence hormonale suffise à expliquer l’orientation sexuelle. Dans toute étude que vous ferez essayant de lier le biologique au comportemental, vous aurez une variance importante. Il existe peut-être une composante génétique mais il est facile de démontrer le tout et son contraire. Prenons le cas de vrais jumeaux qui ont le même patrimoine génétique.

Exemple 1 : Ce documentaire Red without blue qui raconte l'histoire de deux frères jumeaux identiques dont la relation est remise en question lorsque l'un décide de faire la transition d'homme à femme. Le deuxième frère est quant à lui homosexuel. Même s'il y a le problème de l'identité sexuelle, on peut parler dans ce cas précis d'une composante génétique.

Exemple 2 : Les frères Conquet - article à relire ici. L'un est hétérosexuel, l'autre est homosexuel. Difficile dans ce cas précis de parler de composante génétique.

Bref, rien n'est blanc ou noir ! Et je peux être aussi provocatif : comment expliquer que l’évolution, qui vise à maximiser la reproduction, ait permis l'apparition et la persistance de l'homosexualité ? Il est important de savoir que la fréquence de l’homosexualité est à peu près constante dans toutes les sociétés et à toutes les époques. L'homosexualité ne serait-elle donc pas une construction culturelle ?! L'éternel débat est plus que jamais relancé !

1 commentaire:

Sex apeal a dit…

Je n'ai pas lu cet article dans le Nouvel Obs. Mais c' est intéressant ce que tu dis. On prendrait presque en compte le cerveau comme un organe sexuel ?
La famille à un nouveau visage le modèle père mère enfant est davantage une construction culturelle. Ce fut de long débat relancé avec le mariage pour tous