lundi 10 février 2014

"Les Historiettes" de Tallemant des Réaux

Tout a commencé quand j'ai lu un article de Libération sur 10 chefs-d'œuvre format livre de poche à avoir pour les vacances. j'ai été surpris d'y trouver un auteur que je ne connaissais pas du tout, Gédéon Tallemant des Réaux. Je me suis donc mis à lire son chef d'oeuvre, les Historiettes.


Les Historiettes décrit l’histoire politique et littéraire du 17ème siècle. Gédéon Tallemant des Réaux y recueille les souvenirs personnels et les conversations qu'il a eu à partir de 1657 avec des personnes telles que Richelieu, Henri IV, Louis XIII, Corneille, Pascal, La Fontaine, etc... Vous vous dites : "De la littérature du 17ème siècle, très peu pour moi !" Et bien, détrompez-vous !! La première publication des Historiettes est demeurée manuscrite (et clandestine). Il a fallu attendre son impression en 1834 pour les découvrir ! Pourquoi ? Comme l'explique la préface, "Tallemant a été l’objet d’une accusation grave, sa plume est loin d’être chaste ; il raconte avec une blâmable complaisance des anecdotes scandaleuses, et il foule aux pieds des bienséances qui doivent toujours être respectées". Tallemant des Réaux était un peu de Jean-Marc Morandini (toute proportion gardée). Il a écrit ces chroniques "people" de la Cour pendant toute sa vie. Il a méthodiquement écarté tout ce qui semblait important, politique, sérieux, historique, et n’a gardé que le ragot scabreux ! Vous imaginez donc pourquoi on a publié ce texte deux siècles après sa composition ! Et même presque 400 ans après, le scandale est immédiat ! Ce qui rappeler par ces mots de l'auteur.

Et l’on découvrit alors, non sans quelque surprise : que les mœurs ne changent jamais ; que les hommes – et les femmes, donc ! – sont toujours les mêmes ; que les époques soupçonnées de vertu sont celles dont on ignore provisoirement l’histoire secrète.

Honnêtement, la lecture vous paraîtra fastidieuse. Les histoires s'enchaînent avec plein de personnes que l'on ne connait pas et qui avaient probablement une importance certaine à l'époque. Difficiles donc de se régaler à 100% ! Des témoignages indépendants ont établi l’exactitude des propos de Tallemant des Réaux, ce qui renforce le côté scandaleux et peu vertueux de l'époque. Mieux qu'un Closer car il s'agit aussi de littérature ! C'est très bien écrit en vieux françois. J'ai aimé le format des dernières pages avec des historiettes plus courtes et plus variées. Je vous encourage donc à leur lecture et pour cela, voici quelques extraits !

Henri IV a eu une quantité de maîtresses ; il n’étoit pourtant pas grand abatteur de bois ; aussi étoit-il toujours cocu. (…) il puoit comme charogne. Elle disoit vrai, il avoit les pieds et le gousset fin, et quand la feue Reine-mère coucha avec lui pour la première fois, quelque bien garnie qu’elle fût d’essences de son pays, elle ne laissa pas que d’en être terriblement parfumée.

Il avoit remarqué que le Roi avoit déjà un peu d’inclination pour ce jeune seigneur, qui étoit beau et bien fait, et il crut qu’étant le fils d’un homme qui étoit sa créature, il seroit plus soumis à ses volontés qu’un autre.

Marais, son bouffon, disoit au Roi : « Il y a deux choses à votre métier dont je ne pourrois accommoder. –Hé ! quoi ? – De manger tout seul et de ch… en compagnie.

A propos de cela, M. de Guise, comme ils dînoient ensemble, lui ayant dit : « Qu’y-a-t-il entre un cocu et un autre ? – Une table, » répondit-il, car ils n’étoient pas du même côté.

Comme il passoit un enterrement où on portoit un crucifix, il ôta son chapeau : « Ah ! lui dit-on, voilà qui est de bon exemple. – Nous nous saluons, répondit-il, mais nous ne nous parlons pas. »

Cette femme en un pays où l’adultère eût été permis, eût été une femme fort raisonnable, car on dit, comme elle s’en vante, qu’elle ne s’est jamais donnée qu’à d’honnêtes gens.

« Mademoiselle, n’avez-vous point perdu votre pucelage ? – Hélas ! Monsieur, dit la mère, elle est si négligeante qu’elle pourroit bien l’avoir laissé quelque part avec ses coiffes.

Fontenay était de fort amoureuse manière : il a cajolé une infinité de personnes ; et quoique ce fût une fille à qui il en contoit, il ne l’appeloit jamais autrement que belle Dame.

On dit que lui, Fontenay, et quelques autres extravagants voulurent éprouver de quelle façon on tombe quand on est sur un arbre que l’on a coupéé le pied. On ne m’a su dire s’il y en eut de blessés.

Henri IV, à Poissy, demanda à la petite de Maupeou, depuis abbesse de Saint-Jacques-de-Vitry : « Qui est votre père, mignonne ? – C’est le bon Dieu, Sire. – Ventre saint-gris ! je voudrois bien être son gendre. »

La charge la plus difficile à exercer à la cour est celle de fille d’honneur.

2 commentaires:

Gloss-er a dit…

C'est écrit en vieux François..
Et Y'a pas de photos ?

Benoît a dit…

Pas de gravures dans l'édition que j'ai lue en tout cas. Le livre n'est pas un magazine people, c'est avant tout de la littérature ! :-)