lundi 13 juin 2011

Jewish connection

Lors de mon rapide passage en France, Julie m'a recommandé et prêté La Lamentation du prépuce de Shalom Auslander.



Il s'agit des mémoires d'un jeune juif du New Jersey élevé dans la plus stricte tradition orthodoxe. Quand on est petit, on croit aveuglément ce que les adultes nous disent. Puis même si l'on grandit dans une famille ultra-orthodoxe juive, il arrive un âge où l'on commence à douter et à se rebeller contre toutes les règles enseignées par nos parents. Mais aujourd'hui, Shalom vit avec son épouse Orli, qui attend un bébé. Entre le désir de s'émanciper et l'envie de garder ses racines, se pose une terrible question : doit-il faire circoncire son fils ?

Mon avis
Narrer ses doutes et ses dérogations à la religion est un sujet dangereux (et parfois ennuyeux !) Shalom Auslander le fait avec tant d'humour et d'auto-dérision que ses salves contre le fondamentalisme religieux gagnent en subtilité et en intérêt. Je tiens à saluer le courage blasphématoire de l'auteur ! Cependant, je mettrai un bémol. Le style du livre a été pénible à lire, Shalom passant d'un souvenir ou d'une époque à l'autre entre deux phrases. Une version plus chronologique de ces "mémoires" rendraient la lecture plus fluide sans pour autant en perdre la teneur et la force.

Sans vouloir vous enlever tout intérêt pour la lecture de ce livre, voici quelques extraits choisis !

Une éjaculation contient environ cinquante millions de spermatozoïdes. A peu près neuf Holocaustes a chaque branlette. Lorsqu’on m’a dit ça, je venais d’atteindre la puberté – ou la puberté venait de m’atteindre -, de sorte que je commettais en moyenne trois ou quatre génocides par jour.

Il était interdit de bouger le mobilier pendant le Shabbat. Il était également interdit de regarder la télé, interdit d’écrire, interdit de dessiner, interdit de colorier. Interdit de jouer au train électrique parce que c’était utilisé l’électricité. Interdit de jouer aux Lego parce que cela revenait à construire quelque chose. Interdit de jouer à la pâte à modeler parce que si on la pressait contre une page de journal elle retiendrait l’encre et cela reviendrait à imprimer quelque chose. N’étaient autorisés que manger, dormir et lire.

La « tradition » n’était-ce pas une autre manière d’appeler l’inertie intellectuelle induite par la religion, cet aveuglement qui entraîne certains croyants vers des extrêmes qu’ils n’auraient même pas envisagés s’ils s’étaient arrêtés une minute pour réfléchir, évaluer, peser le pour et le contre ?

D’après le site www.NoVeal.org : « Les petits veaux sont arrachés à leur mère et enchaînés par le cou dans des caisses d’à peine soixante centimètres de large ; ils ne peuvent ni se retourner ni s’étirer ni même se coucher confortablement. » Juste comme dans une yéchiva, ou une madrasa, ou une école catholique. A part le fait d’être « arrachés à leur mère », ils ont de la chance ces petits veaux. Moi, c’est ma mère qui m’a fait entrer dans cette fichue caisse, en me faisant bien comprendre que son amour était conditionné par le fait que j’y reste sans broncher. Encore mieux pour les petits veaux : personne ne se penche au-dessus de leur caisse pour leur expliquer qu’il existe dans le ciel une sorte de Vache toute-puissante, que cette Vache suprême non seulement leur ordonne d’accepter ce sort, mais exige aussi qu’ils considèrent cette prison comme un don, un privilège que la Vache leur a octroyé parce que son troupeau est élu, et que si par malheur tel ou tel veau envisage de s’enfuir, ou de contester l’utilité de la caisse, ou même de s’en plaindre, alors que la Vache lui vienne en aide…

Ma plongée dans le monde des juifs ultra-orthodoxes ne s'est pas arrêtée là ! J'ai regardé Jewish Connection de Kevin Asch avec Jesse Eisenberg.



Ce film nous plonge dans une histoire vraie de la fin des années 90. Un million de pilules d’ecstasy ont été acheminées d’Amsterdam à New York par des Juifs orthodoxes recrutés à leur insu. Sam Gold était l’un d’entre eux. Refusant la voie stricte que sa famille lui a déjà tracée, il accepte sans hésiter quand son voisin Yosef lui propose de faire passer des « médicaments » contre rémunération. Mais Sam comprend vite la vraie nature du trafic et se laisse happer par le gain de l’argent facile et envoûter par Rachel, la petite amie de son patron. Devenu l’un des dealers les plus en vue de Brooklyn mais renié par son père et sa communauté, Sam est rattrapé par la culpabilité. Déchiré par sa double vie, il va prendre une décision...

Mon avis

Le film est assez inégal - on s'emmerde par moments ! - mais réserve de bons moments. Je dirai qu'il vaut principalement par sa réalisation, par son sujet audacieux et aussi par la présence de Jesse Eisenberg ! ^^ (Je n'ai toujours pas changé d'avis depuis le pique-nique des bords de Seine...)

En conclusion, que cela soit en mots ou en images, plongez vous dans cet univers

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