mercredi 5 novembre 2008

Marceline Desbordes-Valmore

Il est de heureux hasards. Celui en est un. Je prenais le métro il y a plusieurs mois et j'ai ramassé un magazine sur le sol. J'en ai lu une partie puis il a atterri dans mon tas "Lecture en cours". Entre 2 lessives, j'en ai poursuivi la lecture et je suis tombé sur un article concernant Marceline Desbordes-Valmore.

En lisant la vie de cette femme, j'ai eu comme un pincement au coeur. Une vie éprouvante, faite de tristesses, de privations et de travail. Comme la plupart d'entre nous, je ne connaissais rien sur elle. Par cet article, j'aimerai vous faire découvrir sa vie et son oeuvre poétique.



Marceline Félicité Josèphe Desbordes est né en 1786 à Douai. Une mère pieuse et sévère, un père athée et alcoolique qui fait faillite. Marceline a deux soeurs et un frère. Un matin, sa mère plie bagage et entraîne, avec son amant, Marceline qui a 10 ans. Commence alors une errance sans fin : Roubaix, Lille, Rochefort, Bordeaux, Bayonne. Les deux amants vivent au crochet de Marceline, qu'ils poussent sur les planches quand elle n'a que 12 ans. Elle se révèle douée, apprend seule à écrire et à lire. Mais le milieu du théatre ne l'amuse pourtant pas.

À la fin de 1801, Marceline (qui n'a que 15 ans) et sa mère partent pour la Guadeloupe où Marceline est toujours comédienne. En 1802, la mère de Marceline meurt de la fièvre jaune. Elle décide de rentrer en métropole. Elle retrouve sa famille. Son frère a été "vendu" à l'armée, ses soeurs sont filles-mères et son père toujours ivrogne. Marceline n'a pas le choix : elle retourne au théatre pour les prendre tous à sa charge. Elle compose a ses heures perdues de petites romances, des poèmes naïfs.

Deux ans plus tard, elle est devenue l'actrice fétiche de l'Odéon à Paris. Les auteurs à la mode écrivent pour elle. Les applaudissements ne l'étourdissent pas, l'amour un peu plus... Abandonnée une première fois enceinte, elle perd sa petite fille de 3 semaines. Puis, elle retrouvera l'amour dans les bras d'un comédien dont elle aura un fils. Tragédie, l'enfant meurt à l'âge de 5 ans en 1816 à Bruxelles. Elle est quant à elle première actrice de la troupe royale. A 30 ans, elle pense que sa vie est finie. La poésie qu'elle écrit dans des crises d'insomnie est tout ce qui la retient encore au monde des vivants.

Puis elle rencontre Prosper Lanchantin dit Valmore. Ils jouent ensemble Phèdre de Racine. Elle résiste puis finit par se marier en 1817. Ils ont un premier enfant qui meurt. Est-ce en écho à des disparitions multiples de ses proches (amies d’enfance, ses enfants,etc...) mais elle publie en 1819 son premier recueil de poèmes Élégies, Marie et Romances.



Elle rencontre Henri de Latouche. Il a son âge, un physique disgracieux mais il l'éblouit et l'encourage dans ses écrits. Ils sont obligés de se séparer en 1821 quand son mari l'entraîne à Lyon. Ils auront encore une fille (probablement de Latouche) - qui elle aussi mourra - et un garçon. Elle n'aime pas Lyon mais n'ose pas le dire. Parlant très peu, l'écriture reste pour elle le terrain des aveux.

Ses ouvrages les plus importants sont en 1824 Élégies et poésies nouvelles, en 1833 les Pleurs, en 1839 Pauvres fleurs et en 1843 Bouquets et prières. Elle compose également des nouvelles et des contes, en prose et en vers, pour les enfants.

Sa notoriété ne cesse de grandir malgré des écrits inégaux. Elle aura une pension royale sous Louis-Philippe et plusieurs distinctions académiques. Son instruction limitée est compensée par son grand travail d'autodidacte. Paris l'acclame : Hugo, Lamartine, Dumas.

Honoré de Balzac admire sincèrement son talent et la spontanéité de ses vers, « assemblages délicats de sonorités douces et harmonieuses et qui évoquent la vie des gens simples »
Verlaine déclare : « Nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement […] la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles […] ».

Marceline Desbordes-Valmore est en réalité un précurseur inattendu des maîtres de la poésie française moderne : Rimbaud et surtout Verlaine. On lui doit l'invention de plus d'un rythme : celui des onze syllabes. Son personnage romantique d'autodidacte dont la vie malheureuse a nourri une sensibilité féminine, n'est pas non plus étranger à ce succès. Si, selon le mot d’E. Montégut, « elle a gagné sa poésie à la fatigue de son cœur », ce fut aussi à celle de son poignet. Toute sa vie, elle aura été à la peine, aux deux sens du terme.

Elle reste encore à mes yeux quelqu'un à découvrir...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

oh merci tellement pour cette bio.
tu me msauves la vie^^
je dois faire n exposé et ça tombe juste bien.
merci encore...