mardi 11 novembre 2008

T'as un TSLO ?!

On commence par un petit exercice... Dites à voix haute, plusieurs fois les mots suivants en essayant de les mémoriser :
- lumoire
- flavouille
- bogossatitude

Pourquoi je vous fais faire ça ?! Pour voir si vous n'avez pas un TSLO (trouble spécifique du langage oral). Il s'agit d'une dysphasie relativement fréquente qui touche environ 7% des enfants et qui se manifeste par une moindre capacité à manipuler des mots que l'on ne connait pas (qu'on appelle aussi des non-mots). On savait déjà que cette affection touchait préférentiellement certaines familles, mais un groupe de chercheurs de l'Université d'Oxford a découvert que le TSLO était lié à la mutation d'un gène particulier, également impliqué dans l'autisme et le syndrome de la Tourette. Ces travaux ont été publiés il y a une semaine dans la revue médicale «The New England Journal of Medecine» (Jo, impact factor 51... Ca fait rêver !).

Il y a 7 ans cette même équipe avait déjà mis en évidence l'implication du gène FOXP2 dans certains déficits du langage : cette découverte avait valu à FOXP2 d'être qualifié de «gène du langage». On s'est ensuite aperçu que la protéine exprimée par FOXP2 n'était pas directement lié au langage mais qu'elle contrôlait le métabolisme et la croissance de plusieurs régions du cerveau lors du développement. Ils ont par ailleurs découvert que FOXP2 contrôlait l'expression d'un autre gène baptisé CNTNAP2.

En analysant l'ADN de 847 patients issus de 184 familles souffrant de TSLO, les chercheurs ont constaté que cette affection était systématiquement associée à des mutations du gène CNTNAP2. C'est la première fois que des chercheurs sont capables d'impliquer un gène unique dans une forme courante de déficit langagier. Cette découverte est importante puisqu'elle va permettre de mettre au point non seulement des tests de dépistage, mais aussi des traitements permettant de mieux prendre en charge les TSLO.

Et au fait, sans regarder, vous vous souvenez des mots du début ?! Allez récitez les à voix haute... Oulalala ça sent le TSLO !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

On mémorise des mots surtout quand on y met du sens ou qu'on y associe une image (du moins pour la mémoire à long terme).
Il existe plusieurs types de dysphasie, mais il s'agit plus d'un trouble de langage (l'enfant est difficilement intelligible lorsqu'il s'exprime) que d'un trouble de la mémoire.
Quand tu dis "qui se manifeste par une moindre capacité à manipuler des mots que l'on ne connait pas", tu entends quoi par manipuler? Répéter un des mots prononcé oralement ou lire un des mots écrit?
La difficulté à lire des mots (qu'on ne connaît pas ou non) s'apparenterait plus à une forme de dyslexie dans ce dernier cas.

Benoît a dit…

C'est toujours le débat. Dylexie = TSLO ou bien difficulté persistante des apprentissages ?

Au niveau scientifique, les TSLO sont définis comme une "perturbation durable et significative de la structuration du langage parlé chez l'enfant". En gros, l'enfant est normalement intelligent (pas de retard mental), entend bien (pas de surdité), a envie de communiquer (pas d'autisme) et n'a pas d'autre pathologie neurologique gênant la communication orale.

Il s'agit plus de troubles qui interfèrent avec les capacités de communication de l'enfant et avec ses possibilités d'apprentissage.

La dyslexie également est bien distinguée des problèmes pouvant gêner l'enfant :
- les erreurs normales d'apprentissage
- l'hyperactivité
- un dysfonctionnement auditif
et :
- des troubles du langage oral !
car dans ce cas, c'est bien le langage oral qui est affecté (plus que sa transposition à l'écrit).

Les dyslexies commes les TSLO font l'objet de recherche génétique mais pour le moment, rien de très probant du côté des dyslexies...

Ai-je répondu à ta question ?! En tout cas, je suis d'accord avec toi, la frontière est mince entre les 2 pathologies...

PS : Si tu veux lire l'article en question, voici le lien
http://content.nejm.org/cgi/reprint/NEJMoa0802828v1.pdf

sandrine a dit…

Hé bien pas de TSLO pour moi j'ai réussi à ressortir les 3 mots sans soucis à la fin de ton article (et je précise : sans tricher! Nah!)