Une nouvelle technique permet de déterminer l’âge d’un sujet décédé en examinant ses yeux. Pratique en médecine légale, cette découverte aurait aussi un intérêt pour la recherche contre le cancer.
Explications :
L’œil humain est organe complexe composé de plusieurs structures. Parmi elles, le cristallin ; il agit comme une lentille qui adapte la vision en fonction de la position de l’objet observé. Il est composé de protéines transparentes dont la maturation se poursuit après la naissance jusqu’à l’âge de deux ans environ (Si certains ne savent pas ce qu'est une protéine, je ferai un cours de rattrapage). Une fois que ces protéines sont en place, elles restent inchangées pour le restant de la vie. C’est cette propriété qu’utilise les scientifiques pour évaluer l’âge d’un individu.
Le cristallin, comme les autres tissus du corps contient du carbone, un des principaux éléments organiques. Une infime partie de ce carbone est radioactif, c’est le fameux carbone 14 (C-14) utilisé pour la datation des fossiles et des objets anciens. Tant que l'organisme est vivant, la quantité de C-14 dans les cellules restera constante et au même niveau que le C-14 contenu dans l’atmosphère. A sa mort, la quantité de carbone 14 va décroître lentement au fil des ans tandis qu’il se transforme en azote. Cela permet de dater les découvertes archéologiques. Cette méthode n'est cependant pas assez précise pour déterminer l’âge de quelqu’un qui vient juste de mourir.
Par contre, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les essais nucléaires ont affecté la répartition des isotopes radioactifs dans l’atmosphère. La quantité de carbone 14 a ainsi été multiplié par 2 entre 45 et la fin des années 60 pour ensuite revenir à des niveaux normaux après l’interdiction des essais aériens. Cette augmentation soudaine a laissé une empreinte dans la chaîne alimentaire et donc également dans les cellules du cristallin. Ces dernières ne se modifiant plus après leur création, elles reflètent le niveau de carbone-14 contenu dans l’atmosphère au moment de leur apparition. En utilisant, un accélérateur de particules, des physiciens de l’Université d’Aarhus, au Danemark, ont réussi à déterminer la quantité de C-14 du cristallin et ainsi calculer l’année de naissance.
Cette technique trouve évidemment une application en médecine légale, puisqu’elle permet de déterminer l’âge d’un corps, ce qui peut servir lors de crash aériens par exemple, où l’identification des cadavres est souvent difficile compte tenu de leur état. Mais les scientifiques estiment qu’elle pourrait aussi être appliquée à d’autres protéines et tissus pour évaluer leur « date de fabrication ». Cela serait particulièrement utile pour étudier les tumeurs cancéreuses et déterminer à quel moment le processus malin a débuté...
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