vendredi 21 mars 2008

L'effet chenille


La vie d’une chenille n'est pas de tout repos... Bien au chaud dans un cocon, elle se transforme en papillon. Cette étape impose des modifications radicales non seulement dans la forme du corps, mais aussi dans le mode de vie, le régime alimentaire et la perception sensorielle.

Une expérience originale de chercheurs de l’université de Georgetown (Washington) viennent de montrer que les papillons conservent en mémoire certaines leçons apprises durant leur stade larvaire. Ils ont découvert que les chenilles du Sphynx du tabac pouvaient être « dressées » pour éviter certaines odeurs en associant ces fragrances à des petits chocs électriques. Soumises à ce traitement, les larves mettent rapidement en place des conduites d’évitement (une sorte d'effet pablovien). Comportement qui persiste après la métamorphose, lorsque les chenilles se sont transformées en papillon.

Cette découverte est inattendue et surprenante. Cela suppose en effet que le cerveau et le système nerveux central de la chenille, qui sont complètement remaniés durant la métamorphose, conservent malgré tout de l’information acquise. En outre, les résultats ont aussi des implications écologiques et évolutives. La conservation de la mémoire par le biais de la métamorphose pourrait permettre à une femelle papillon (ou à d’autres insectes) de déposer ses œufs sur la plante hôte dont elle s'était nourrie au stade chenille.

Alors que la plupart des recherches sur l'apprentissage et la mémoire chez les insectes ont été axés sur les insectes sociaux, tels que les fourmis ou les abeilles, l’étude des insectes solitaires apparaît intéressante. Ils doivent en effet acquérir et retenir une gamme de comportements et de compétences bien plus importante, du fait de leur isolement, pour pouvoir s’adapter à leur environnement.

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