mercredi 26 mars 2008

"Le jugement premier" de Camille de Peretti

NB : Je viens de terminer le nouveau magazine pour les hommes GQ (Gentlemen's Quarterly). De très bons articles... J'en ai sélectionné 2. Voici le premier, l'autre est pour demain !

"Le jugement premier" de Camille de Peretti

"Georges s'avéra un très bon amant. Et pourtant, la première fois que nous avions pris un verre ensemble, il avait commandé un jus de goyave. Mauvais signe. Les femmes sont connues pour cela, un décryptage permanent des codes et des attitudes des hommes dans le but de tirer les conclusions les plus hâtives et les plus arrêtées. george avait eu de la chance, je n'étais pas le genre de fille qui coche la casse "impossible" à la première faute de français. Quoique. Quoique la première fois que l'on se retrouve dans un lieu public, ça compte. Deux options s'offrent à lui, il prévoit, il improvise. Le bar en bas de chez lui, c'est un fainéant, le bar en bas de chez moi, il manque de personnalité. Rendez-vous au Costes, il n'a pas d'imagination, rendez-vous au Ritz, il va falloir le remercier d'une manière ou d'une autre. Rendez-vous dans un salon de thé, c'est un impuissant, rendez-vous au McDo, il a menti sur son âge. Tous ses potes sont venus avec lui, il prépare une orgie. Rendez-vous au Flore, dans deux minutes il tentera de passer pour un poète incompris.

Il propose de se voir le matin, c'est un insomniaque, à midi, il a faim, à 17h, il n'a rien à faire, à 19h, c'est normal, à 22h, il veut parler jusqu'au bout de la nuit, à minuit, c'est un serial fucker, à 2h du matin, c'est un serial killer. Il commande "un café", c'est homme actif, "un coca light", aïe ! un métrosexuel, "une vodka-tonique", enfin un homme qui sait vivre, sauf qu'il est midi, ouch ! un alcoolique, "une coupe de champagne", un flambeur, "deux coupes de champagne", un romantique. "Non rien pour moi", c'est un radin, "j'ai mal à l'estomac", un hypochondriaque, "j'ai trop bu hier", un petit joueur. Il a de la conversation, tant mieux. Il parle de Dostoïevski, méfiance, vérifier que ça n'est pas le seul auteur qu'il est lu. Il raconte des histoires pas possible dont il est le héros, il ne faut pas tomber amoureuse, il ne dit rien et je dois faire tout le boulot, cela ne présage rien de bon au lit. Il a le nez plongé dans mon décolleté, c'est un homme simple, il se retourne tout le temps, c'est un homme marié, il ne lâche pas mon regard, c'est un piège. "Je te raccompagne à ta voiture", il est poli, "je te raccompagne chez toi", ne pas s'étonner de passer à la casserole, "bon bah... salut !", je peux effacer son nom de mon répertoire.

George m'a parlé de Dostoïevski, il a payé son jus de goyave et ma vodka-tonique, puis m'a raccompagné à ma voiture. Mérite-t-il le ticket de deuxième fois ? La langue française opère une différenciation entre deuxième et seconde. On utilise "second" pour le dernier élément d'une liste. cela signifie qu'il n'y a pas de troisième. Ainsi "veux-tu être ma seconde épose ?" est une proposition plus sérieuse que "veus-tu être ma deuxième femme ?". Mais ne parlons pas de mariage, après un premier rendez-vous, c'est un peu tôt. Quoique."

Alors les filles, ne me dîtes pas que vous n'êtes pas comme ça...

2 commentaires:

Anne-Solène a dit…

Pas mal l'article! La réalité est quand même un peu exagérée... perso, je suis plus focalisée par les mains, les ongles et leur propreté: si ils sont longs et noirs c que c un mec qui prend pas soin de lui... lol à bon entendeur!!

Marianne a dit…

bon article, plein d'humour et de vérités !