Séraphine de Senlis (et les autres)

Le fait d'avoir vu le film m'a donc donné envie de vous faire découvrir l'art de Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis. En prenant comme exemple la peinture de Séraphine, je tiens donc ici à rendre hommage à ces artistes qui ont incarné l’art naïf, un art injustement tombé dans les oubliettes.

De manière général, l’art naïf désigne les œuvres d'artistes qui se trouvent en décalage avec les courants artistiques de leur temps, le plus souvent parce qu'ils en ignorent tout !! Ces peintres sont bien souvent autodidactes et mettent en avant un style pictural figuratif qui se caractérise notamment pour la minutie apportée aux détails, l'emploi de couleurs vives et une représentation "ingénue" de leur(s) sujet(s).

Pour comprendre ces artistes, il faut comprendre également leur histoire. Prenons le cas de Séraphine. Elle est né en 1864 et perd rapidement ses parents. Ell est recueillie par sa soeur pour qui elle fait la bergère, avant de partir en 1881, travailler en tant que domestique chez les bonnes soeurs. En 1901, elle commence à travailler comme femme de ménage dans les familles bourgeoises de Senlis. C'est en 1912, qu'elle va rencontrer le collectionneur d'art allemand Wilhelm Uhde, qui va quelque peu changer sa vie. Le film de Martin Provost retrace cette partie de son histoire jusqu'à la fin de sa vie en 1932.

Séraphine n'a donc pas d'éducation artistique. Pourtant, tout en travaillant comme femme de ménage, elle se met à peindre à la bougie et accomplit une œuvre considérable ! Elle s'inspire d'images pieuses - reste sûrement de son passage chez les soeurs - et peint des motifs décoratifs répétés, le plus souvent des compositions florales. Séraphine était vue comme une "illuminée" car "la Vierge lui disait de peindre ses tableaux". La lumière et les couleurs de ses oeuvres sont parfois interprétées comme le reflet de son état psychique, l'extase.

Voici quelques uns de ces tableaux.

C'est simplement magnifique ! Peut-être que les photos que j'ai choisies ne le montrent pas mais les couleurs sont saisissantes ! Séraphine utilisait des couleurs qu'elle préparait elle-même - dans le film, le réalisateur donne sa version du mystère. Cependant, elle n'a jamais dévoilé son modus operandi pour les pigments et couleurs.

Lors de la sortie du film, le musée Maillol lui a consacré une exposition que j'ai ratée. Si vous êtes intéressé(e), le musée Maillol à Paris, le musée d'art de Senlis, le musée d'art naïf de Nice et le musée d'art moderne à Villeneuve-d'Ascq possèdent plusieurs de ses œuvres.

Mon souhait par la suite serait que vous preniez le temps de regarder ces œuvres parfois "étranges" - comme celles du douanier Rousseau, autre artiste du courant artistique naïf - car elles renferment l'histoire de ces gens qui, en absence de toute influence artistique, ont simplement décidé de (faire) vivre leur Art...