mardi 10 juillet 2007

"State of the Union" par Douglas Kennedy

Vous trouverez aussi ce livre en édition française sous le nom de "Les charmes discrets de la vie conjugale".

Ce livre se décompose en 2 parties.

1966 -1974

Mouvements des droits civiques, manifestations pacifistes, libération sexuelle, les premiers hallucinogènes... L'Amérique des années 1970 est l'ère de radicalité. Etre jeune, c'était être engagé ! C'était se rebeller contre les principes réacs de nos vieux cons de parents. C'était vouloir changer le monde, etc, etc...

Mais pas pour Hannah Buchan qui au lieu de grimper sur les barricades et de se fondre dans l'ébullition sociale,n'a d'autre ambition que d'épouser son petit ami médecin et de fonder une famille. Installée dans une vie étriquée et morne, Hannah goûte aux charmes "très discrets" de la vie conjugale.

C'est alors que le hasard lui offre l'occasion de sortir du carcan de son quotidien...Elle fait une erreur et se rendre complice d'un grave délit.

2003

Pendant près de 30 ans, cette seule erreur restera un secret bien enfoui. Mais le passé d'Hannah va ressurgir inopinément. Du jour au lendemain, son petit monde soigneusement protégé va s'écrouler...Le destin d'une femme à travers les mutations de son temps, les contradictions et les mystères d'une union conjugale durable...

L'auteur développe très bien dans ce roman l'équilibre à trouver entre responsabilité familiale et épanouissement individuel. Le rythme du livre est inégal. Lent au début, très intense à la fin. Comme pour mieux se calquer le rythme de vie de l'héroïne.
Ce livre est aussi une image de l'Amérique d'aujourd'hui, partagée entre aspirations progressistes et valeurs conservatrices.

Quelques extraits choisis :

"_ (...) A propos, comment ça va pour toi, sur le plan domestique ?
_ Eh bien, j'ai honte de la dire mais...
_ Quoi ?
_ Ca se passe merveilleusement bien.
_ Ah ! Ce que tu peux être ringarde quand même !
_ Je plaide coupable."

"Il n'y avait jamais eu de conflits entre eux, alors pourquoi se reprochait-il d'avoir été un mauvais père, maintenant, et d'être responsable de la dépression de sa fille ? Parce que c'est ce que les parents font toujours, sans doute. Quand ils se retrouvent en face d'eux-mêmes, ils se blâment de ne pas avoir donné assez à leur progéniture, ils se sentent coupables et responsables de... tout. Parce qu'à la joie et à la gratitude d'avoir des enfants se mêle un autre sentiment sous-jacent, ambivalent, celui que la vie serait certainement moins riche mais bigrement plus facile, s'ils n'étaient pas là. Ce qui pose une autre question : pourquoi nous imposons-nous des responsabilités qui sont porteuses de tant de souffrances, de doutes, de peurs ? Ou bien est-ce que l'essence même de la condition humaine, et faut-il accepter un "paradoxe fondamental" : la vie de famille est, par bien des aspects, une source de détresse ?"

"M'étendant sur le dos, j'ai contemplé le ciel, d'un bleu impeccable, totalement serein, je me suis enivrée de cet air si pur qu'il faisait un peu tourner la tête, et pendant un bref moment j'ai oublié le monde que nous avions laissé derrière nous, mes soucis, mes doutes, toutes les tensions inhérentes à ma vie quotidienne. Pendant quelques minutes de rêve, ce poids a disparu de mes épaules : plus de passé, plus d'avenir, plus de gêne, de regret ou de remords. (...) Tout oublier, était-ce si difficile ? C'est une sensation éphémère, fragile, qu'il faut savoir saisir."

"_ Ne me dis pas que tu te tourmentes avec des histoires style "j'ai trompé mon mari", ce genre de culpabilité...
_ J'essaie de ne pas y penser.
_ Si tu ne voulais pas baiser avec moi, il ne fallait pas.
_ Ce n'est pas le problème
_ Alors c'est quoi le problème ? Raisonnons socratiquement, là : tu voulais baiser, mais tu savais que tu allais te sentir coupable si tu passais à l'acte ; puis tu as décidé que le prix à payer pour la partie de baise était abordable. Je me trompe ? En d'autres termes, tu t'es accordé un plaisir tout en sachant que tu allais te détester pour ça."

"_ Pour moi, le seul crime dont tu serais coupable, c'est d'avoir été faible. Comme nous le sommes tous.
_ J'aimerais pouvoir considérer les choses de cette manière.
_ Tu finiras par y arriver, avec le temps.
_ Comment peux-tu en être si convaincue ?
_ Parce que c'est comme ça que ça se passe, toujours."

" Lorsque Jeff nous a emmené Shannon pour la première fois, il paraissait évident qu'elle embrasserait la carrière de "bobonne" comme s'il s'agissait d'un engagement politique."

"C'est ça l'aboutissement de toute une vie professionnelle ? Essayer de transmettre un peu de culture à des adolescents opportunistes qui, à de rares exceptions près, ne s'intéressent à rien qui ne soit matériel ou immédiat et qui, une fois constitués en groupe, méprisent le premier individu qui ose manifester un minimum de curiosité intellectuelle, ou celui qui n'adhère pas à leur éthique de la vacuité."

"Je dois reconnaitre ici que les occasions d'infidélité ont été rares, pendant toutes ces années, peut-être parce que je ne me suis jamais placée dnas une situation où la tentation aurait pu être sérieuse. Et en contrepartie, j'ai obtenu... la stabilité ? Peut-être. La chance d'éviter les montagnes ruses du divorce par lesquelles toutes mes amies ont dûes passer..."

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