vendredi 18 avril 2014

La folle journée ou le mariage de Figaro

Encore dans mes classiques avec la lecture cette fois-ci d'une pièce de théâtre, "La folle journée ou le mariage de Figaro" par Pierre Augustin Caron de Beaumarchais.


Cette pièce de théatre en cinq actes a été écrite par Beaumarchais écrite en 1778. Cependant, la première représentation officielle eut lieu en 1784, après plusieurs années de censure. Le livre que j'ai lu était préfacé par Beaumarchais lui-même. Cette préface est très instructive car elle permet de replacer l'écriture et de la représentation dans le contexte de l'époque. Quelques extraits de cette préface pour comprendre.

A force de nous montrer délicats, fins connaisseurs, et d'affecter, comme j'ai dit autre part, l'hypocrisie de la décence auprès du relâchement des moeurs, nous devenons des êtres nuls, incapables de s'amuser et de juger de ce qui leur convient.

J'ai donc réfléchi que, si quelque homme courageux ne secouait pas toute cette poussière, bientôt l'ennui des pièces françaises porterait la nation au frivole de l'opéra-comique, et plus loin encore, aux boulevards, à ce ramas infect de tréteaux élevés à notre honte, où la décente liberté, bannie du théâtre français, se change en une licence effrénée, où la jeunesse va se nourrir de grossières inepties, et perdre, avec ses moeurs, le goût de la décence et des chefs-d'oeuvre de nos maîtres.

Les vices, les abus, voilà ce qui ne change point, mais se déguise en mille formes sous le masque des moeurs dominantes ; leur arracher ce masque et les montrer à découvert, telle est la noble tâche de l'homme qui se voue au théâtre.


Pour de ce qui est de vous résumer l'histoire, Beaumarchais le fait mieux que moi.

Un grand seigneur espagnol, amoureux d'une fille qu'il veut séduire, et les efforts que cette fiancée, celui qu'elle doit épouser, et la femme du seigneur réunissent, pour faire échouer dans son dessein un maître absolu, que son rang, sa fortune et sa prodigalité rendent tout puissant pour l'accomplir. Voilà tout, rien de plus ! La pièce est sous vos yeux.

Pour ceux qui connaissent les oeuvres de Beaumarchais, l'auteur remet en scène dans cette pièce, les principaux personnages de sa pièce "Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile". Cette pièce est un chef-d’œuvre du théâtre français. Elle montre les signes avant-coureurs de la Révolution française, en dénonçant les privilèges archaïques de la noblesse. Certains extraits m'ont paru incroyablement modernes et actuels ! J'en partage avec vous et vous incite en même temps à prendre le temps de lire cette pièce !

Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur; et qu'il n'y a que les petits hommes qui craignent les petits écrits.

Prouver que j’ai raison serait accorder que je puis avoir tort.

On ne sait comment définir le Comte. Il est jaloux et libertin. Libertin par ennui, jaloux par vanité.

Et c'est-là que j'ai vu combien l'usage du grand monde donne d'aisance aux dames comme il faut, pour mentir sans qu'il y paraisse.

Ne regarde pas d'où tu viens, vois où tu vas ; cela seul importe à chacun.

Non, monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas. parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! ... noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus.

Feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore ; d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend ; surtout de pouvoir au-delà de ses forces, avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point ; s'enfermer pour tailler des plumes, et paraître profond quand on n'est, comme on dit, que vide et creux ; jouer bien ou mal un personnage ; répandre des espions et pensionner des traîtres ; amolir des cachets ; intercepter des lettres ; et tâcher d'anoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets : voilà toute la politique, ou je meure !

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