Le Royaume-Uni est en émoi... à cause d'un livre ! L'écrivain Sharon Dogar s'apprête à publier Annexed, roman dans lequel elle "revisite" l'histoire d'Anne Frank par la voix de Peter van Pels, un jeune garçon lui aussi caché dans l'Annexe du 263 Prinsengracht.
Le journal d'Anne Franck est un "classique". Au travers des mots d'une jeune adolescente, on découvre une des plus grandes tragédies de notre Histoire. Le jeune Peter est présent dans le Journal sous le nom de Van Daan. Il est le fils d'Hermann van Pels/Daan, associé d'Otto Frank. Anne Franck raconte leur première rencontre lors d'un petit déjeuner : "C'est un garçon de seize ans, d'un air timide et plutôt ennuyeux dont la compagnie ne promet pas grand-chose." Bon, ça c'est dit !
Et pourtant, un peu plus loin... "Je sais bien que Papa ne sera jamais mon confident (...). Je ne peux me confier à personne d'autre qu'à mon rêve. C'est ainsi que j'ai découvert mon besoin d'un garçon, pas d'une amie fille, mais d'un ami garçon." Et donc, enfermée au 263 Prinsengracht, elle n'a trouvé que Peter... "Je crois que je sens en moi le printemps. J'ai remarqué que Peter n'arrêtait pas de me regarder d'une certaine façon." Quand on continue la lecture du roman, on peu lire qu'Anne a envie de "blottir [sa] tête contre son épaule" et "qu'elle a "hâte qu'il [lui] donne un baiser."
Et ça va même plus loin. "Est-ce bien de céder si vite ? (...) Je ne connais qu'une seule réponse, j'en ai tellement envie, depuis si longtemps..." Oui, Anne Frank aime Peter tout en réalisant que ce n'est pas une flèche ! Elle se moque de lui et va même lui expliqué ce qu'est un clitoris ! Elle décrit de son sexe dans son journal et évoque même ses premières règles, le jour où elle remarque "une sorte de semence gluante dans [sa] culotte."
Vous ne vous rappelez pas de ces passages ? Et pour cause... Ils ont tous été supprimés des premières éditions du Journal, par son père Otto Frank. On peut comprendre cette réaction de la part d'un père à la lecture du texte de sa fille.
Cependant, pourquoi cette obsession falsificatrice de la part des ayants-droits de la famille et de la fondation Anne Frank ? L'écrivain Sharon Dogar tente donc dans son livre, de révéler cette histoire de deux adolescents dont les émois intimes ont pour cadre l'horreur et l'angoisse. A-t-on le droit de sexualiser l'Histoire en appliquant des mœurs du XXIème siècle à de jeunes gens d'une autre époque ?
Il faut arrêter de prendre Anne Frank pour une sainte !! Bien qu'elle ait vécu l'horreur, elle reste avant tout une adolescente qui se découvre aux travers d'évènements particuliers. Vouloir cacher ce côté de "l'histoire" pour "l'Histoire" est proprement aberrant. Se scandaliser pour quels émois est certes un droit mais c'est aussi un devoir (d'écrivain) de ne pas les ignorer !
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