Jeudi de cette semaine, Nicolas Sarkozy était à Kigali, capitale du Rwanda. Cette visite marque la reprise des relation entre les deux pays. Pour ceux qui ne sont un peu perdus, l'évocation du Rwanda rappelle forcément le génocide de 1994. Pour un bref rappel de l'histoire de ce pays, c'est ici.
En effet, pour poursuivre cette Histoire, les relations entre la France et le Rwanda avaient été rompues fin 2006, après l'émission de mandats d'arrêt contre neuf proches du président rwandais Paul Kagame, soupçonnés d'avoir fomenté l'attentat qui a coûté la vie en 1994 au président Juvenal Habyarimana et à l'origine du génocide qui a fait plus d'un million de morts.
Le Rwanda avait riposté en août 2008 en publiant un rapport mettant en cause une trentaine de chefs politiques et militaires français de l'époque pour avoir "participé à l'exécution" du génocide. Bien avant cela, l'actuel régime rwandais issu du Front patriotique rwandais (FPR) à majorité tutsi, avait accusé la France d'avoir été complice du génocide en soutenant le régime hutu de Habyarimana face au FPR de Paul Kagame. Cependant, Paris avait toujours farouchement rejeté ces accusations.
Début 2008, Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, avait pourtant évoquer les "fautes politiques" de la France à l'époque du génocide - à lire ici. Malgré cette déclaration et comme l'atteste le rapport rwandais, les rapports entrent les deux pays étaient restés plutôt froids... Cependant, grâce à plusieurs décisions de la justice française en Novembre dernier - notamment le rejet de la demande d'asile d'Agathe Habyarimana, veuve du président Habyarimana mort en 1994, en raison de l'information judiciaire ouverte en novembre 2007 contre elle pour "complicité de génocide et de crime contre l'humanité" -, le Rwanda a fini par admettre que le pouvoir politique français n'était pas derrière les initiatives de la justice ce qui a permis la reprise des relations diplomatiques.
C'est donc dans ce contexte que la visite de Nicolas Sarkozy était très attendue au Rwanda. Lors d'une conférence de presse avec le président Paul Kagame, le président français a déclaré que "ce qui s'est passé ici est inacceptable, mais ce qui s'est passé ici oblige la communauté internationale, dont la France, à réfléchir à ses erreurs qui l'ont empêchée de prévenir et d'arrêter ce crime épouvantable". Il a notamment évoqué de "graves erreurs d'appréciation, une forme d'aveuglement quand [la France n'a pas vu] la dimension génocidaire du gouvernement du président qui a été assassiné, des erreurs dans une opération Turquoise engagée trop tardivement et sans doute trop peu". Puis, il a poursuivi en précisant que "[la France refuse] d'être otage du passé. Des erreurs ont été reconnues, on en a discuté. Et au fur et à mesure que nous abordons cette réalité, l'essentiel est de regarder vers l'avenir". Puis il a fini en disant que "le devoir des chefs d'État, c'est de voir plus loin pour organiser la réconciliation, voir l'avenir. Des erreurs, des erreurs d'appréciation, des erreurs politiques ont été commises ici et elles ont eu des conséquences absolument dramatiques. [...] A partir de ces erreurs, de tous ces drames, nous allons essayer de bâtir une nouvelle relation bilatérale où on va explorer une nouvelle façon de s'entraider et se comprendre mutuellement".
Un peu plus tôt, Nicolas Sarkozy visitait le mémorial consacré aux victimes. Avant de conclure sa visite, il a signé le Livre d'or du mémorial: "Au nom du peuple français, je m'incline devant les victimes du génocide des Tutsis". Sans que la France présente officiellement ses excuses, il s'agit déjà d'un premier pas...
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