mardi 31 juillet 2007

"Le pianiste" de Wladyslaw Szpilman

Dernier livre que je viens de terminer. Il s'agit du témoignage de ce compositeur et pianiste juif durant la guerre 39-45 dont le film "Le pianiste" de Roman Polanski avec Adrien Brody est une adaptation.

L'édition que j'ai lu (Ed. Pocket) est plutôt pas mal. Préface de son fils, le récit de Szpilman, le journal du capitaine Wilm Hosenfeld (dont vous connaîtrez l'identité en lisant le livre) et une postface d'un poète ayant connu le pianiste.

Plusieurs choses m'ont surpris.
D'une part, ce livre me laisse une plus grande impression que le film. Certes, certaines "images" sont plus visuelles en images qu'en mots. Mais bien souvent, la force du récit dépasse celle des images...
D'autre part, la guerre 39-45 est tellement connue que l'on ne s'attend pas à apprendre des choses. Etant un passionné d'histoire, je peux vous dire que j'ai appris pas mal de choses dans ce témoignage, en particulier sur la vie du ghetto de Varsovie.

Quant au style, de manière surprenante, il est très détaché. Il raconte comme si il était spectateur de tout ceci sans vivre la tragédie elle-même. Pas de sentiments exprimés, pas de douleur. Tout du moins jusqu'au moment où sa famille meurt. Ensuite, l'auteur se dévoile, souffre et s'exprime.

Je vous encourage à lire ce livre. Ce n'est pas très long (300 pages) et c'est surtout enrichissant.

Extraits choisis :

Récit de Szpilman

"Tout n'a qu'empiré avec l'arrivée des miliciens de la Lituanie et de l'Ukraine.(...) Ils aimaient tuer d'ailleurs. Pour le sport ou pour se simplifier la tâche, pour s'exercer au tir ou simplement pour le plaisir. Ils abattaient les enfants devant leur mère car ils appréciaient le spectacle de ces femmes rendues folles de chagrin. Ils tiraient dans le ventre de simples passants afin de pouvoir contempler leur atroce agonie. Il arrivait à certains d'entre eux de placer leurs victimes en ligne, de s'écarter assez loin et de jeter des grenades à main sur elles, histoire de voir qui du groupe manifestait la plus grande précision.
Toute guerre fait émerger au sein des minorités nationales une fraction trop lâche pour se battre ouvertement, trop inconsistante pour jouer un quelconque rôle politique, mais assez veule pour se transformer en bourreaux stipendiés par l'un ou l'autre des puissances du conflit."

"Un garçon d'une dizaine d'années est passé en courant sur le trottoir. Il était très pâle, et si effrayé qu'il en a oublié d'enlever sa casquette devant le policier allemand qui arrivait en sens inverse. Celui-ci s'est arrêté et, sans articuler un mot, il a sorti son pistolet, l'a braqué contre la tempe du petit et a fait feu. (...) Imperturbable, l'allemand a remis son arme à la ceinture avant de poursuivre sa route."

"En quelques mots, il avait fait voler en éclats l'édifice trompeur que je m'étais acharné à maintenir sur pied. C'est seulement bien plus tard que je suis arrivé à reconnaître qu'il avait eu raison de me parler ainsi : la perte de mes illusions, la reconnaissance de l'inéluctabilité de la mort m'ont conféré l'énergie nécessaire pour que je parvienne à survivre au moment critique."

Journal du capitaine Wilm Hosenfeld

"Il a été construit aux environs de Lublin des chambres qui peuvent être surchauffées au moyen d'un puissant courant électrique, selon la technique employée dans les crématoires. De pauvres gens sont emmenés dans ces pièces où ils sont brûlés vifs, et de cette façon il est possible d'en tuer des milliers chaque jour en s'épargnant la peine de les fusiller, de creuser des fosses communes et de les y jeter. La guillotine des révolutionnaires français reste loin derrière, en terme d'efficacité , et même dans les caves de la police secrète de Russie on n'a pas conçu de technique d'extermination plus vertigineuse."

"Une escouade de la Gestapo a opéré une descente dans une maternité juive. Ils se sont emparés des bébés, les ont entassés dans un sac, ils sont ressortis et les ont jetés dans la carriole d'un fossoyeur, sans que ces monstres ne soient troublés un seul instant par les cris des nourrissons ni par les lamentations des mères. On a du mal à y croire mais c'est pourtant vrai.(...)
Quels lâches nous sommes, à nous croire au-dessus de pareilles horreurs sans rien faire pour les en empêcher ! Nous serons punis, nous aussi, et nos enfants le seront aussi, bien qu'innocents, parce que nous devenons des complices en tolérant que tous ces crimes soient perpétrés."

"Je suis tout bonnement incapable de comprendre comment nous en sommes arrivés à commettre de pareils crimes contre des civils sans défense, contre les juifs. La question revient, sans cesse : comment est-ce possible ? Je ne vois qu'une seule explication possible : les êtres qui ont été capables de concevoir, de commander ou d'autoriser ces actes ont perdu jusqu'au dernier sens de leurs responsabilités humaines."

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour le post utile! Je n'aurais pas eu ce le contraire!

Anonyme a dit…

Très agréable en effet je vais probablement le télécharger. Merci

Anonyme a dit…

Pretty post-Nice. Je viens de tombé sur votre blog et je voulais dire que j'ai vraiment apprécié la navigation de votre blog. En tout cas, je vais être abonnés à votre flux et j'espère que vous écrire de nouveau bientôt!