mardi 26 juin 2007

Femmes girafes

ORIGINE

Originaires de Birmanie, les Karens ont dû fuir en Thaïlande à cause de la guerre. Les "karens au long cou" sont surnommées « femmes-girafes ».

Les tribus karens au long cou perpétuent cette tradition de mères en filles depuis plusieurs siècles. Lorsqu’une petite fille a entre 5 et 9 ans, on lui passe sur le cou une pommade composée de graisse de chien, de lait de coco et de gelée royale. Le premier anneau est alors posé. Chaque année on remet un anneau (éventuellement deux) et ce jusqu'à ce que la jeune fille se marie. Chez les Karens, le nombre d'anneaux porté par une femme - critère important de beauté - peut atteindre jusqu'à vingt huit anneaux (soit 30 cm et environ 15 kilos).

Cette tradition se perpétue aujourd’hui pour des raisons de beauté. Mais il existe plusieurs hypothèses quant à l’origine :
- Sous l’influence des missionnaires chrétiens, la spirale constituerait un gage de fidélité. En cas d’adultère, l’homme outragé retirerait la parure, et le cou, sans soutien, s’effondrerait, tuant la coupable !
- Les anneaux servaient à protéger les jeunes filles et leurs mères restées à la maison pendant que les hommes étaient partis à la chasse contre les attaques des tigres qui s’en prennent en premier lieu au cou de leurs victimes.
- Certaines disent que cette coutume était apparue afin d'empêcher les femmes de quitter le village pour se marier dans d'autres tribus.
- D'autres disent que c’est pour leur éviter d'être prises en esclavage par les birmans parce que le collier les rendent "laides".

La tradition aujourd’hui se maintient en raison du tourisme, bien que certaines mères hésitent à poser des anneaux au cou de leurs petites filles car alors le gouvernement thaï ne donne pas des papiers d’identité thaïlandais et qu’avec des anneaux, il est interdit aux jeunes filles d’aller à l’école …



DERRIERE, LA TRISTE REALITE

En Thaïlande, ces femmes, toutes réfugiées et obligées de fuir la répression de la junte militaire de Birmanie, ont été installées dans de "jolis villages" devenus zoos humains, où elles doivent agir comme si elles étaient dans leur propre village. A l’entrée du village, des huttes de souvenirs et d’artisanat se succèdent. Les femmes, avec leurs anneaux autour du cou et sous le genou, tissent des étoffes qu’elles vendent entre 100 et 200 baths (entre 2 et 4 euros).

Chacune vend 500 baths de marchandise par jour. L’argent est partagé entre toutes les familles du village. Chaque année, une famille paie en moyenne 300 euros au propriétaire terrien, et autant à la police des frontières au titre de l’autorisation de vivre en dehors du camp de réfugiés (!) Même s’il déplore cette situation, pour ces familles, il n’y a nulle autre solution qui leur permet d’économiser près de 200 euros par an. Une somme qu’elles envoient aux parents restés de l’autre côté de la frontière qui peuvent ainsi acheter des armes pour se défendre contre les militaires birmans.

Comme cette population attire les touristes, certains Birmans ont enlevé des femmes et des fillettes de leur village, pour les exposer aux regards des touristes. Réduites à l'état de bêtes curieuses, qu'on peut visiter comme des singes dans la cage d'un zoo ou exposées dans des sortes de baraques foraines, les femmes sont prostituées pour la fortune des souteneurs et la joie des touristes.

Si beaucoup considèrent ce tourisme ethnique comme scandaleux pour la condition humaine, tout le monde semble y trouver son compte. Les touristes y voient là la découverte d’une culture et d’une tradition tribales – et non une manipulation ethno-politique –, les agences voient leurs bénéfices augmenter et les femmes girafes, elles, ont trouvé un excellent moyen de gagner leur vie et d’aider leur famille.

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