samedi 9 juin 2007

Antony and the Johnsons

HISTOIRE DU GROUPE

Antony and the Johnsons est un groupe de psyché folk. Le groupe s'organise autour du chanteur Antony, dont le nom complet est Antony Hegarty. La voix d'Antony est décrite comme une fusion entre celles de Nina Simone et Bryan Ferry.

Mais qui est vraiment Antony ? Il est né en 1971 en Angleterre. Après s’être installé en 1981 en Californie, il déménageà Manhattan. C’est dans l’underground artistique de cette ville qu’il épanouit peu à peu sa vision artistique singulière, en mettant notamment en avant son ambiguïté sexuelle et ses prétentions avant-gardistes au sein de la troupe de cabaret Blacklips, groupe de drag queens qui s'adonne au théâtre expérimental. (C’est juste pour vous donner une idée dans l’univers dans lequel il vit…)

Vous ne l’avez peut-être jamais vu ; voici sa photo :



Antony est transgenre. C’est avant tout une voix comme rarement il en a été donnée d’entendre, chaude avec une singularité rare. Une voix dont on ne sait pas si elle est féminine ou masculine. Mais bon, le genre n’a pas réellement d’importance dans le fond !

LEUR MUSIQUE

Sans rentrer dans l’histoire du groupe, je voulais parler de leur second album qui est sorti en 2005 : I Am a Bird Now. Ce disque a reçu de très bonnes critiques et a même obtenu le prix Mercury du meilleur album 2005 (devant les albums des Kaiser Chiefs, Coldplay ou The Magic Numbers quand même !), ce qui a permis au groupe une visibilité importante. C’est donc grâce à ça (et surtout à Zahra) que j’ai pu le connaître.

On ne met pas sur la pochette de son disque une photo de Candy Darling (sur son lit de mort...) par hasard.
Alors pour votre culture, Candy Darling (ou James Lawrence Slattery à la naissance) est une actrice américaine transexuelle ayant joué dans les films d'Andy Warhol. Quelle époque tout ça ? Et bien il faut savoir que les avis divergent sur la date de naissance de Candy Darling. Entre 1944 et 1948 en tout cas, mais il faut croire que l’incertitude fut le maître mot de la vie de cette superstar car dès son adolescence, un autre paramètre important reste flou : son sexe. Pourtant, il/elle assuma cette ambiguïté assez rapidement, et étant donné le contexte de l’époque, on peut s’imaginer à quel point cela témoignait d’un tempérament solide et d’un courage à toute épreuve.


Candy Darling meurt d’une leucémie en mars 1974 (à cause des hormones qu’elle avait prise). C’est cette photo qui est sur l’album d’Antony. Avant de s’éteindre, elle aura le temps de laisser un mot à ses amis, qui résumera tout le malaise auquel elle avait réussi à faire face sans que personne, ou presque, ne s’en aperçoive :

« Au moment où vous lirez ceci, je serais mort(e). Malheureusement, avant ma mort, je n'avais aucun désir de rester en vie. Malgré tous mes amis et ma carrière, je me sentais trop vide pour continuer à progresser au travers de cette existence irréelle. Je suis juste fatigué(e) de tout. Fatigué(e) à en crever, vous pourriez dire. Cela peut sembler ridicule, mais c'est vrai. »

Faîtes le rapprochement avec Antony et vous comprenez beaucoup de choses… Certaines blessures se partagent…

L’album peut franchement dérouter : comment entrer dans un tel univers ? Dès le premier morceau, la voix unique d’Antony désarme. Les ballades sombres (qu’il compose lui même) empruntent au jazz, à la musique de cabaret et au blues, et trouvent une extrême singularité dans son interprétation vocale mais aussi dans le jeu de ses musiciens (cordes, piano, orgue, cuivres). Dans les mots les plus simples du désir, de l’amour, de l’inquiétude d’être enfin soi, sa voix transcende absolument le contexte: la chambre d’opérations, le corps comme oeuvre d’art, la mort... Sur l’album, Antony accueille notamment son ami de longue date Boy George, mais également Rufus Wainwright, Lou Reed et Devendra Banhart.

Achetez ce disque, c'est un bijou...

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