samedi 3 mars 2007

"Je l'aimais" d'Anna GAVALDA

Morceaux choisis d'un livre que je vous recommande...

"Je hochais la tête mais je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas cet homme qui économisait et réfrénait ses élans. Ne rien montrer de peur de se sentir affaibli, je n'ai jamais pu comprendre ça. Chez moi, on se touche et on s'embrasse comme on respire."

"Et un matin d'hiver, vous apprenez qu'il s'en va parce qu'il en aime une autre. Ajoute qu'il est confus qu'il s'est trompé.

Comme au téléphone : "Excusez-moi, c'est une erreur."
Mais je vous en prie.

Une bulle de savon."

"- Tu vois, j'ai l'impression de me trouver devant quelque chose d'inextricable. Une sorte de noeud... Enorme...
- Je voul...
- Tais-toi, tais-toi. Laisse-moi parler. Il faut que je démèle tout ça maintenant. C'est très important. Je ne sais pas si tu peux comprendre mais il faut que tu m'écoutes. Je dois tirer sur un fil mais lequel ? Je ne sais pas. Je ne sais pas par quoi ni par où commencer. Mon dieu, c'est si compliqué... Si je tire sur le mauvais, ou si je tire trop fort, le noeud risque de se resserrer encore. De se resserer si fort ou si mal qu'il n'y aura plus rien à faire et je te quitterai accablé. Car vois-tu (...), toute ma vie est comme un point serré (...) Laisse moi ouvrir ce poing. Un tout petit peu."

"Que ça devrait lui coûter de s'asseoir en face de moi ! Comme je devais être lourde avec ma gaieté ordinaire et mes romans-feuilletons sur la vie du square Firmin-Gédon. Quel supplice pour lui quand j'y pense... Lucie a perdu une dent, ma mère ne va pas bien, la jeune fille au pair polonaise du petit Arthur sort avec le fils de la voisine, j'ai terminé mon marbre ce matin, Marion s'est coupé les cheveux c'est affreux, la maîtresse veut des boîtes à oeufs, tu as l'air fatigué, prends une journée de congé, donne-moi la main, tu reprendras des épinards ? Le pauvre.... Quel supplice pour un homme infidèle mais scrupuleux. Quel supplice... Mais je ne voyais rien. Je n'ai rien vu venir vous comprenez ? Comment peut-on être si aveugle ? Comment ? Soit j'étais totalement abruti soit j'avais totalement confiance. Ce qui revient au même manifestement..."

"Vous ne dites rien ? Je m'en doutais. Qu'est-ce vous pouvez dire de toute façon ? Qu'est-ce que vous pouvez faire ? Vous avez votre femme et vos enfants. Et moi, qu'est-ce que je suis ? Je ne suis presque rien dans votre vie. Je vis si loin... si loin et si étrangement... Je ne sais rien faire commes les autres. Je n'ai pas de maison, pas de meubles, pas de chat, pas de livre de cuisine et pas de projets. Je croyais que c'était moi la plus mligne, que j'avais compris le vie mieux que les autres, et je me congratulais parce que je n'étais pas tombée dans le piège. Et puis vous voilà, et je me sens complètement perdue..."

"On biaise, on s'arrange, on a notre petite lacheté dans les pattes comme un animal familier. On la caresse, on la dresse,on s'y attache. C'est la vie. Il y a les courageux et puis ceux qui s'accommodent. C'est tellement moins fatiguant de s'accommoder..."

"- Et ça vous suffisait ?
- ...
- Ca vous suffisait ?
- Non bien sûr. Enfin si, puisque je n'ai rien fait pour changer les choses. c'est ce que je me suis dit après. Peut-être que c'était ça qui me convenait. "Convenir"... que ce mot est laid. Peut être parce que ça m'arrangeait d'avoir l'épouse rassurante d'un côté et le grand frisson de l'autre. Mon dîner en rentrant tous les soirs et la sensation de m'encanailler de temps en temps. L'estomac rempli et la peau du ventre bien tendue. C'était pratique, c'était confortable...
- Vous l'appeliez quand vous aviez besoin d'elle ?
- Oui, c'était à peu près ça ..."

"Je ne veux pas attendre tes coups de téléphone, je ne veux pas m'empêcher de tomber amoureuse, je veux pouvoir coucher avec qui je veux et quand je veux et sans scruple. Parce que c'est toi qui as raison, la vie sans scrupule, c'est... It's more convenient. Je ne voyais pas les choses comme ça, mais pourquoi pas ? Je veux bien essayer. Qu'est-ce que j'ai à perdre finalement ? Un homme lâche ? Et à gagner ? Le plaisir de dormir dans tes bras quelquefois... J'ai réfléchi, je veux bien essayer."

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