mardi 20 mars 2007

Darfour : il y a urgence

Si je vous parle du Darfour aujourd'hui, c'est que le collectif "Urgence Darfour" organise ce soir un "grand meeting" à La Mutualité (24, rue St Victor, 75005 PARIS) à 20 heures. En présence de nombreux candidats à la présidentielle et nombreuses personnalités dont Bernard Kouchner et Bernard-Henry Levy -qui revient juste du Darfour.

Sans trop me mouiller, je suis sûr que vous ne savez pas trop de quoi il est question là-bas. Bon, leçon de rattrapage...

Géographie et population

Le Darfour se trouve à l'ouest du Soudan : 5 à 6 millions de personnes y vivent. La région a un très faible niveau de développement et la découverte du pétrole dans cette région a suscité les convoitises.
Trois tribus principales sont installées au Darfour : les Four (qui a donné son nom au Darfour), les Masalit et les Zaghawa. Et, passant dans le sud de la région, les chameliers arabes nomades, les Janjaweed. Jusqu’à présent, cela était demeuré sans incidents.

Le conflit actuel est dépeint par certains comme un affrontement direct entre les « arabes » nomades et les paysans « africains ». En réalité, comme dans la plupart des guerres, c’est beaucoup plus complexe. Pour commencer, la distinction entre les « arabes » et les « africains » est trompeuse puisqu’ils sont tous Africains, tous musulmans et qu’en fait, il n’est pas évident d’observer de grandes différences physiques entre les différents groupes. D’atre part, certaines des tribus considérées comme des « paysans africains » (les Zaghawa par exemple) sont des nomades qui se déplacent à dos de chameau et non des fermiers sédentaires. De plus, de nombreuses tribus procèdent à des mariages entre « Arabes » et « Africains », et ont formé des coalitions politiques et conclu des accords pour l’accès à l’eau et aux ressources terrestres. Il n’est donc pas facile de démêler la vraie nature des allégeances et alliances tribales.

L'origine du conflit

Il faut déjà savoir que le Soudan sort à peine d'un conflit qui a duré une vingtaine d’années depuis 1983 entre les rebelles du sud et le gouvernement soudanais. Ce conflit a fait près de 2 millions de morts.

Pendant l'hiver 2003, l’opposition au président soudanais Omar el-Béchir fait entendre sa voix. En représailles, Karthoum (la capitale) laisse agir les milices arabes (les djandjaouids) dans tout le Darfour. Les armées soudanaises bombardent les villages du Darfour. Les populations sont victimes de bandes armées que le gouvernement de Karthoum semble laisser faire. Plus grave, humanitaires et diplomates accusent le gouvernement d'avoir armé et payé les Djandjaouids...

Le conflit du Darfour n’est pas racial mais que le problème majeur de ce pays vient des gouvernements médiocres qui se sont succédé depuis l’indépendance. Ceux-là même qui ont ignoré les provinces périphériques de la capitale, dont le Darfour, et qui instrumentalisent aujourd’hui des miliciens à des fins économiques.

Les effets

Les destructions, les villages rasés, la politique de terre brûlée (attaque et vol du bétail, champs incendiés) forcent les populations à partir (200 000 réfugiés au Tchad et 1,4 millions de déplacés en septembre 2004 ; 300 000 morts et 2,4 millions de personnes déplacées au début 2006).

Meurtres, viols,... Les premières victimes de la crise sont les enfants. Les causes de mortalité infantile sont multiples : sous-nutrition (un bol par jour d’assida, c'est-à-dire d'un mélange de farine et d'eau), maladies diarrhétiques provoquées par la pollution de l'eau, blessures, pneumonie, fièvres,...

Les conséquences locales sont que beaucoup d'hommes s'engagent dans l’armée rebelle pour combattre des milices. Les principaux mouvements rebelles sont l'armée de libération du Soudan (ALS), le mouvement pour la justice et l'égalité et le Mouvement pour la libération du Soudan (MLS).

Attitude de la communauté internationale

Au mois de juillet 2004, le congrès des Etats-Unis vote à l’unanimité une résolution pour donner un nom aux exactions des djandjaouids au Soudan : GENOCIDE. Il souhaite ainsi dénoncer les violences des milices arabes sur les populations du Darfour. Les rebelles sont satisfaits de cette reconnaissance et réclament une intervention directe de la communauté internationale.

Mais bon, gardez en tête ces informations...

Longtemps soupçonnée de complaisance envers le Soudan, la France est aujourd'hui en conflit avec le gouvernement de Khartoum, en raison de l'aide militaire qu'elle apporte aux gouvernements du Tchad et de la Centrafrique.
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni restent très attirés par les intérêts pétroliers car entre 2003 et 2004, le Soudan a presque doublé sa production.
La Chine quant à elle vend beaucoup d'armes au Soudan depuis quelques années et est intéressée par la production pétrolière soudanaise également.

Certaines ONG présentes au Darfour critiquent le manque d'intérêt de l’ONU et de l’UE. Les diplomates internationaux se succèdent pour demander à Omar el-Béchir d’aider les réfugiés. Des collectifs de citoyens se sont créés dans plusieurs pays occidentaux pour alerter l'opinion sur l'urgence de cette situation, dont ils rappellent les analogies avec la démission internationale pendant le génocide du Rwanda.

Aujourd'hui, la situation reste grave car la crise du Darfour s'étend au Tchad voisin et à la Centrafrique. Des cas d'attaques récurrentes dans les camps de réfugiés au Tchad ont été rapportés. Les mêmes modes opératoires que ceux observés au Darfour sont employés par les milices armées. Viols de femmes et exactions commises sans distinction, notamment sur des enfants, sont à déplorer chaque semaine.

Depuis 2003, au Darfour, au moins 400 000 personnes ont été massacrées par les milices Janjaweed alliées au gouvernement du Soudan.

Il faut faire quelque chose : mobilisons-nous !

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