vendredi 15 juillet 2011

Love & Sex addicts de Lucía Etxebarria

Cadeau de Marianne, je viens de finir Love & Sex addicts de Lucía Etxebarria.


Après Amour, Prozac et autres curiosités, elle explore de nouveau la complexité des sentiments et des relations humaines. Le fait de base du roman est le suicide de Pumuki, leader d'un célèbre groupe de rock, Sex & Love Addicts. Il n'y a, à proprement parler, pas de construction de l'histoire à partir de ce fait mais plutôt une déconstruction ! L'auteure amène plusieurs personnages à raconter et dessiner la personnalité du chanteur.

La structure du livre est extrêmement intéressante. Cette architecture de témoignages amène à la conclusion d'un être multiple. Mise en situation : je viens à mourir. Circonstance plus ou moins trouble. Chacun de ceux qui me connaissent doivent me raconter. Comment j'ai été, pensé et vécu, ce qui a pu amener à cet évènement tragique. La conclusion pourrait peut-être vous apparaitre simple mais dans la pratique, les témoignages montrent le contraire ! ;-)

Contrairement à la forme, l'écriture m'a beaucoup déçu. Simple et sans trop de style. Cependant, la grande force de Lucía Etxebarria est la perspicacité ! Avec des mots simples, elle arrive à décrire et analyser des sentiments complexes. Cela a fait mouche et voici donc une sélection d'extraits qui, je l'espère, vous donneront envie de lire ce roman !

Quand on grandit, on voit beaucoup de mythe s’effondrer. Tout récemment encore, je croyais avoir beaucoup d’amis, mais avec tout ce que j’ai vu, j’ai enfin compris cette maxime de La Rochefoucault qu’on apprenait au lycée : « Si rare que l’amour véritable, il l’est encore moins que la véritable amitié. »

Ce sont les bons moments qui font les amis et les mauvais qui les mettent à l’épreuve.

Même son pire ennemi, il faut le détester avec modération, parce qu’on a souvent bien plus en commun qu’on ne croit. Quelqu’un qui ne nous admirerait pas au moins un peu ne passerait pas autant de temps à se fabriquer dans la tête une image de nous qu’il puisse détester.

Les plus stressés étaient les femmes, car elles n’avaient pas de temps pour elles-mêmes. Une heure de trajet, neuf heures sur place (dont une consacrée à ingurgiter, dans une mini-cuisine au fond du couloir, des plats sans saveur ni calories qu’elles préparaient chez elles et réchauffaient au micro-ondes), encore une heure de trajet retour, avant d’aider les enfants à faire leurs devoirs, préparer le dîner, surveiller le bain, raconter une histoire puis éteindre, pour s’effondrer finalement dans le lit conjugal sans même avoir envie de faire l’amour avec un mari dont elles n’étaient plus amoureuses. Des vies d’esclaves, des vies vides.

Avec les années, je suis devenue de plus en plus sceptique et de plus en plus tolérante envers les défauts des autres, et aussi envers les miens.

Beaucoup de spécialistes affirment que l’addiction comporte un facteur génétique, mais il est évident qu’il y a aussi un facteur social. (…) Je crois que si, depuis quelque temps, je vois à mes consultations tant de gens qui sont addicts au sexe ou à l’amour, c’est parce que c’est une addiction bien vue socialement. (…) Tout le monde a l’air de trouver tout à fait normal qu’Unetelle, avant-hier encore raide amoureuse d’Untel, ait aujourd’hui « refait sa vie » avec Trucmuche, comme si vivre seul, sans partenaire, était forcément un échec. C’est ce qu’on veut nous faire croire et c’est ce que croient, évidemment, tous les dépendants émotionnels.

Des gens qui font l’amour de façon compulsive, par besoin, et parce qu’ils en ont l’envie ou le désir. Ce qui est triste, c’est que beaucoup d’entre eux ne s’en rendent pas compte. Et le besoin est un géant en perpétuelle croissance, à qui il en faut toujours plus. C’est la mort de la liberté.

L’Art est une façon de sublimer ses carences et ses traumas, tout artiste est par définition un névrosé puisqu’il est dépendant du regard d’autrui.

Elle ne veut pas s’avouer à elle-même qu’elle sait parfaitement qu’en réalité les mecs aiment les filles qui rient à leurs blagues à gorge déployée, qui sont capables de bien dîner avant d’aller danser, sans comprimés ni gélules, qui les regardent dans les yeux, qui leur disent ce qu’ils ont envie d’entendre, qui leur font entrevoir un bonheur ne consistant pas à toujours ce qu’on n’a pas, mais à faire confiance à la vie comme elle est, à rester soi-même en dépit des kilos et des rides.

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