jeudi 9 décembre 2010

Je me souviens

En se promenant dans Montréal et dans le Québec en général, on se rend compte rapidement que les plaques d'immatriculation des voitures portent toute la mention "Je me souviens". Enigmatique !



J'ai donc mené ma petite enquête ! J'ai découvert que jusqu'en 1977, avant d'avoir cette devise, les plaques d'immatriculation en avaient une autre ! "La belle province".



"Je me souviens" est la devise du Québec depuis de nombreux années. C'est Eugène-Étienne Taché qui, en 1883, a fait graver dans la pierre la devise Je me souviens juste en dessous des armoiries du Québec, qui se trouvent au-dessus de la porte principale de l'Hôtel du Parlement à Québec.



Le problème est que Taché n'a pas laissé d'explication sur le sens de sa devise ! Il a cependant laissé une trace écrite expliquant ce qu'il comptait faire sur la façade de l'hôtel du Parlement. Il voulait placer une vingtaine de statues de personnages historiques du Québec. Il avait également laissé intentionnellement des espaces vides pour permettre aux générations futures d'ajouter leurs propres statues. Ainsi, la devise "Je me souviens" trouve tout son sens.

Durant de nombreuses années, certaines personnes ont cherché d'autres explications quant à l'inspiration des trois mots de Taché. En 1978, lorsque les plaques d'immatriculation changent de slogan, de nombreux articles sont publiés et tentent de réinterpréter le sens de la devise. Un article attire l'attention d'une lectrice, Hélène Pâquet, qui répond dans une lettre ouverte :

"Monsieur,

[...] il y a confusion concernant la devise du Québec. Comme vous l'avez écrit, elle est de E. E. Taché. « Je me souviens » n'est que la première phrase [de la devise], ce qui explique peut-être la confusion. La devise va comme suit :

Je me souviens / Que né sous le lys / Je croîs sous la rose.

Je suis la petite-fille de Eugène-Étienne Taché. Ma tante, Mme Clara Taché-Fragasso de Québec, est la seule des filles de E.-E. Taché toujours en vie. J'espère que [cette information] éclairera quelques uns de vos lecteurs."


Cependant, Hélène Pâquet n'est pas en mesure de préciser l'origine des deux phrases qu'elle cite dans sa lettre. L'explication a depuis été trouvée ! La deuxième partie est en réalité une deuxième devise, créée par le même Eugène-Étienne Taché, plusieurs années après la première. Elle devait apparaître sur un monument symbolisant la nation canadienne, monument qui n'a finalement jamais vu le jour. Devait s'y trouver une statue représentant une jeune et gracieuse adolescente, figure allégorique de la nation canadienne, portant la devise : « Née dans les lis, je grandis dans les roses ». Le lys et la rose sont en effet respectivement les emblèmes floraux des royaumes de France et d'Angleterre.

Vous ne regarderez peut-être plus les plaques d'immatriculation québécoises de la même manière maintenant !

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