vendredi 2 août 2013

Déconnectons !

Je suis toujours effrayé le matin quand je prends les transports en commun par le nombre de personnes qui regardent leurs smartphones. Mais que faisaient ces gens avant ? Lisaient-ils ? Se parlaient-ils entre eux ? Notre monde est dépendent à cette connectivité. On veut pouvoir regarder ses mails n'importe quand, pouvoir contacter qui on veut quand on veut, informer ses amis quand on est ici ou là. Certains messages sur Facebook me font rire : "A Starbuck en train de prendre un café" "A la gym ! Piouf ! C'est dur !" Sachez qu'on en a rien à faire !

Fred m'avait parlé d'un livre intéressant sur le fait de déconnecter. J'ai perdu son email mais il va bien rattraper mes bêtises en nous rappelant le livre qu'il a lu ! Récemment, j'ai aussi lu le post de Katy Campbell, une britannique voyageuse qui a mis en ligne un billet. Ses mots ont trouvé un écho particulier en la personne de Dita Von Teese qui a retweeté son article et à donc conduit à ce que j'en prenne connaissance. Je vous le retranscrit et vous laisse apprécier son contenu. A bon entendeur !

"Tout le monde a son petit train-train du matin. Laissez-moi vous raconter celui de mon père: il se lève, se douche, prépare son petit-déjeuner, lit le journal avant de monter dans sa voiture et partir au boulot. Je ne vous donnerai pas son âge, car il me tuerait probablement, mais je pense pouvoir dire sans me tromper que nous sommes de générations très différentes.

Voici maintenant ce qu'était mon train-train matinal à l'époque où je travaillais et vivais encore à Londres. Je me réveillais, lisais mes e-mails, me douchais, sélectionnais ma playlist pour le trajet vers le métro, trouvais ma liseuse Kindle, puis je me précipitais vers la porte parce que j'avais perdu du temps à flâner. J'écoutais ma musique et consultais ma liseuse tout au long du trajet vers le bureau, et une fois arrivée, j'allumais mon ordinateur, lisais d'autres e-mails, parfois les unes des journaux en ligne, et une heure plus tard, je me rendais compte que j'avais besoin d'une tasse de thé et d'un bol de céréales. Je suis quasiment certaine que tout employé de bureau a la même routine, à part les fous qui aiment à faire un footing le matin.

Je suis en plein voyage en ce moment. On s'attendrait donc à ce que mon train-train ait quelque peu changé, mais je me suis récemment rendue compte que ce n'était pas le cas. Je me lève (l'après-midi, certes!), fouille dans mes affaires à la recherche de mon téléphone et consulte mes e-mails, Facebook, Twitter et Instagram, titube vers la douche, en sors et consulte tous les réseaux sociaux à nouveau. J'imagine que pendant que je prends ma douche, l'idée me vient que j'ai raté un tweet humoristique, ou que l'une de mes amies Facebook a décidé de déclarer un amour éternel à son copain, qui, comme par hasard, est assis juste à côté d'elle. Quel que soit l'endroit où je me trouve, mon cerveau est désormais habitué à se mettre "en ligne", avant même que j'aie pu me réveiller comme il faut.

Dita Von Teese a récemment tweeté qu'elle s'était rendue dans un club de tango en Argentine. Elle n'en revenait pas de l'effet que produisaient les personnes présentes, sans leur téléphone à portée de main, sans texte, sans documentation. Elle disait "avoir l'impression que sortir son téléphone serait une entrave à l'étiquette, peu importe la raison". La première chose qui m'est venue à l'esprit quand j'ai lu ce tweet a été: "Quel étrange concept. Personne ne se prend en photo? Personne n'envoie de message à ses amis, au bar, avec sa boisson?" Ce ne fut que plus tard, alors que je regardais un film, discutais avec mes amis sur Whatsapp, tweetais et postais une photo des environs sur Instagram, que j'ai compris que Dita Von Teese tenait là un concept intéressant: nous avons un mal fou à nous déconnecter.

L'ironie dans cette histoire c'est que j'ai eu l'idée d'écrire ce billet et appris à "débrancher" à cause d'un tweet. Cela montre que nous perdons tellement à essayer de partager nos expériences en ligne. Il est plus simple de se souvenir d'un moment quand on l'a immortalisé sur une photo ou une vidéo, mais les souvenirs ont plus de valeur si l'on a cette chance de les absorber au présent, pas derrière un objectif, un statut ou un tweet.

Je vis actuellement dans le sud de la France. Ici le soleil brille, il y a une boulangerie au bout de la rue, un café avec du vin excellent et des palmiers dans mon jardin - c'est mon Shangri-La à moi. Pourtant je ne peux m'empêcher de mettre des photos en ligne sur divers réseaux sociaux pour le dire aux gens, m'interrogeant dans le même temps sur mes raisons de le faire. Est-ce un geste innocent, afin de partager un moment, ou suis-je mue par l'égocentrisme, l'envie de me vanter? Lentement mais sûrement, nous devenons tous des égocentriques en ligne, ces personnes qui meurent d'envie de frimer devant des inconnus. Je me souviens que quand j'étais petite, on me répétait constamment de "ne pas parler à des inconnus", et pourtant nous y voilà: nous interagissons quotidiennement avec des gens que nous ne connaissons pas.

La manière dont nous nous connectons avec les gens a changé du tout au tout ces cinq ou dix dernières années. A l'époque, une personne en vacances ou en voyage se fendait en général d'une carte postale avec une mise à jour rapide sur sa vie, voire une lettre à ses proches restés à la maison. Désormais, au lieu d'écrire une lettre, on "tweete" à un ami, au lieu d'envoyer une carte postale, on "Instagram" une photo. Le plus intéressant, c'est que non seulement notre manière de vivre a changé, mais aussi notre vocabulaire.

La génération de mon père ne se soucie pas de savoir quoi écrire sur le mur d'un ami pour son anniversaire, elle ne panique pas non plus quand elle réalise qu'elle n'a pas tweeté depuis douze heures, ou ne se demande pas si sa photo de repas devrait avoir le filtre Hudson ou X-Pro II sur Instagram.

Sans en être certaine, j'ai l'impression que nous serions tous bien plus heureux si nous débranchions ne serait-ce qu'une journée."

2 commentaires:

Fréd a dit…

Ouii ! bonne mémoire,
J'ai lu en début d'année un livre made in Languedoc !
"J'ai débranché" de Thierry crouzet qui est originaire de sète à coté de Montpellier.

Thierry c un géant des réseaux sociaux, il a fait des livres sur les nouvelles technologies. C'est un vrai addict au net.
Le livre aborde son histoire perso, il fait une cure de désintoxication du net. Il prévient ses milliers d’amis virtuel qui les quitte pendant six mois.
Au fil des jours, on rentre dans sa famille, dans ses peurs, ses crises de manques et ses angoisses et son retour progressif.

Jsai pas s'il y a beaucoup d'étude socio, mais ce livre nous fait prendre conscience du danger et de la facilité d’accès au monde virtuel.
Car comme dis dita von teese : on devient facilement des égocentriques en ligne.


Anne-Solène a dit…

Oui c'est horrible cette dependance au telephone.... Surtout quand tu es oblige d'etre connecte en permanance a ton telephone pour raison pro...
Rien de mieux qu'une semaine a la campagne pour debrancher completement!! Meme si je ne suis pas sure que tout le monde en soit capable ;-)