samedi 27 septembre 2014

"Elle marchait sur un fil" de Philippe Delerm

Dernier livre de la sélection choisie par ma mère pour mon anniversaire : "Elle marchait sur un fil" de Philippe Delerm.


Ce roman raconte l'histoire de Marie, cinquante ans, qui vient d'être quittée par son compagnon et se retrouve seule. Marie ne conçoit pas son existence sans réalisation littéraire ou théâtrale. Et c'est aussi pour cela qu'elle entretient des rapports difficiles avec Étienne, son fils, qui a dû renoncer à une carrière de comédien. Alors perdue, Marie rencontre un groupe de jeunes comédiens qui lui ouvre de nouveaux horizons et décide de se lancer dans ce qui représente l’aboutissement d’une vie : la création d’une pièce de théâtre.

C'est la première fois que je lisais un roman de Philippe Delerm et j'ai adoré ! Le roman s'attaque à une question intéressante : que reste-t-il à créer lorsqu'on entame la seconde partie de sa vie ? L'histoire trace le portrait fragile d'une femme en équilibre "sur le fil de sa vie". Le style est simple, précis et à je-ne-sais-quoi de mélancolique. La fin m'a surprise et n'est autre qu'une métaphore d'un désir, d'une vie "funambule".

Morceaux choisis

Les joueuses du casino devaient avoir des emplois du temps similaires. Le matin les courses, une fois par semaine le coiffeur. Les feux de l’amour à la télé, peut-être, et puis le casino, le vrai moment de la journée. Certaines avaient été heureuses, utiles, et d’autres moins. Elles ne manquaient pas de grand-chose et elles manquaient de tout. Un désir mécanique et froid, sans contours, sans partage. Elles jouaient. Combien de temps encore avant La Petite Madeleine ?

C’est ça qui est le plus dur, je crois. Ne pas savoir quand il a commencé à ne plus être avec moi. En ce moment, j’essaie de vivre dans l’instant, de m’étourdir un peu. Mais après, il faudra regarder en arrière, sans jamais bien savoir ou situer la ligne de démarcation.

Agnès était encore belle, Marie encore jolie. Elles le savaient, comme elles savaient la mélancolie de cet encore. Des hommes leur feraient la cour. Elles ne seraient pas flattées mais reconnaissantes, et plus jamais agacées. Elles les dissuaderaient tout en douceur, garderaient parfois pour eux de l’amitié, ou peut-être un peu plus, sans jamais leur donner d’emprise sur leur vie.

Marie lui avait fait comprendre que son existence allait être un peu bousculée, et qu’elle réduirait le caractère littéraire de son succès probable en apparaissant trop à la télévision, et même en parlant trop à la radio. Sa façon de voir la vie risquerait d’être réduite alors à un physique, une appartenance sociologique identifiables. « Le monde à portée de main » n’apparaitrait plus que comme une production logique, dont l’originalité disparaitrait.

Et je quitte peut-être aussi des gens qui m’aiment pour des chimères et pour des gens que je connais a peine. Je suis sans doute folle. Mais je sens ou le feu de la vie me brûle. J’ai tellement envie de brûler. Et tant pis si je quitte un peu les autres. Je n’en pouvais plus d’être quittée.

Peut-être, ou peut-être pas. Ca me choque de vivre dans une société ou la mélancolie, la tristesse sont des fautes , qu’on n’avoue pas aux autres, et peut-être même a soi-même.

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