mardi 17 avril 2012

"Voyage au bout de la nuit"

En retournant en France, Bénédicte m'a laissé plein de livres. Cependant, ces derniers temps n'ont pas été favorables à la lecture d'où l'absence de posts littéraires ! Je me suis remis récemment à lire - pour le bonheur de la Maman de Céline ! - et que cela fait du bien ! Je n'ai pas choisi le livre le plus facile à lire : Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline.


Ce livre est le premier roman de Céline pour lequel il reçut le prix Renaudot en 1932. Voyage au bout de la nuit est un récit écrit à la première personne dans lequel Bardamu raconte sa vie. Le roman commence par son expérience de la première guerre mondiale. C'est la fin de l'innocence et le point de départ de "ce voyage au bout de la nuit" marqué par un pessimisme ambiant qui traverse tout le récit. Bardamu raconte ensuite son expérience du colonialisme en Afrique, de l'Amérique de l'entre-deux guerres et de sa vie en France par la suite.

La première moitié du roman a été assez pénible à lire mais je me suis accroché ! Je savais de bouche à oreille que le style "Céline" n'était pas facile à lire ! Il faut un moment pour s'adapter au style qui reprend beaucoup la langue parlée avec de l'argot. De plus, il faut aussi ne pas se décourager du pessimisme et de la négativité du personnage principal. Tour à tour antimilitariste, anticolonialiste, anticapitaliste, anarchiste pour ne pas dire raciste... A un moment, j'ai cru lire Houellebecq ! C'est à ce moment de comparaison que j'ai compris pourquoi Céline avait influencé la littérature moderne du 20ème siècle, par son style mais aussi par ces idées. Cette manière très crue de parler de la lâcheté de l'Homme. Tous les hommes sont des pourritures ! L'individu est voué au pourrissement et à la putréfaction, naturels (mort, maladie) ou provoqués (guerre).

Au final, ce qui m'a fait adhérer au livre est cette manière sincère de raconter et partager ses idées. Un style parfois cinglant et brut qui me plait. Extraits choisis :

"On a beau dire, c'est pas drôle de vieillir dans les pays où il n'y a pas de distractions... Où l'on est forcé de se regarder dans la glace dont le tain verdit devenir de plus en plus déchu , de plus en plus moche... On va vite à pourrir, dans les verdures, surtout quand il fait chaud atrocement."


"Tant que le militaire ne tue pas, c'est un enfant. On l'amuse aisément. N'ayant pas l'habitude de penser, dès qu'on lui parle il est forcé pour essayer de vous comprendre de se résoudre à des efforts accablants. le capitaine Frémizon ne me tuait pas, il n'était pas en train non plus, il ne faisait rien avec ses mains, ni avec ses pieds, il essayait seulement de penser. c'était énormement trop pour lui. Au fond, je le tenais par la tête."


"Décidément, j'avais une âme débraillée comme une braguette."


"La vie c'est une classe dont l'ennui est le pion, il est là tout le temps à vous épier d'ailleurs, il faut avoir l'air d'être occupé, coûte que coûte,à quelque chose de passionnant, autrement il arrive et vous bouffe le cerveau."


"Sa manie à cette polonaise c'était de se mutiler le système nerveaux avec des béguins impossibles."


"(...) parce que vous savez Ferdinand qu'ils n'arrêtent même plus la nuit de se forniquer à longueur de rêves ces salauds-là ! ... C'est tout dire ! ... Et je te creuse ! Et je te la dilate la jugeote ! Et je te me la tyrannise !"

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