"Le courage d'une mère" de Marie-Laure Picat

Synopsis
Automne 2008, Marie-Laure Picat apprend qu’elle est atteinte d’un cancer fatal à court terme. Sa première pensée est pour ses enfants : que deviendront-ils après sa mort ? Résolue à assumer son rôle de mère jusqu’au bout, elle choisit elle-même une famille d’accueil. Aussitôt, elle se heurte à une fin de non-recevoir : non, ce n’est pas à elle de décider du futur de ses enfants mais... au juge après sa mort ! Rien ne garantit que Julie, Thibault, Matthieu et Margot seront élevés ensemble et qu'ils habiteront là où ils ont grandi. Ce livre raconte le combat de cette mère qui,condamnée à une mort imminente et révoltée par l’aberration de la situation, se démène pour trouver une famille d’accueil qui s’occupera et protégera ses quatre enfants.Son histoire a bouleversé la France entière. C’est pour laisser une trace que Marie-Laure a voulu écrire ce témoignage, pour ses enfants d’abord et aussi pour montrer qu’il faut assouplir le carcan administratif imposé aux familles dans la détresse. Pour que son combat ne meure pas avec elle.

NB : Marie-Laure Picart est morte en Août 2009.

Mon avis
Le livre commence par une lettre qu'elle écrit à ses enfants.

"... Vous êtes si jeunes, il y a tant de questions que vous n'aurez pas l'occasion de me poser, tant de réponses que je ne pourrais jamais vous apporter. C'est pour cette raison que j'écris ce livre : pour vous raconter qui j'étais, vous expliquer le combat que j'ai mené et vous montrer combien je vous aime. Votre Maman pour la vie"

On rentre ensuite dans l'intimité de Marie-Laure. Son enfance, son mariage, etc... Cela en devient presque gênant de lire le livre puisqu'on se sent en quelque sorte "voyeur". Puis arrive le jour où elle apprend que "quelque chose" ne va pas.

"-[..] vos résultats ne sont pas très bons. Le scanner confirme ce que l'échographie a révélé : il y a bien une plage au niveau du foie.
- C'est quoi une plage ?
- C'est une tumeur. [...] Je suis désolé, il s'agit d'une tumeur maligne. Ça veut dire que c'est grave.
- Grave comment ?
- On ne peut pas savoir. C'est un cholangiocarcinome intrahépatique, un cancer plutôt rare pour les femmes de ton âge."

Puis elle raconte son combat contre la maladie, ce combat qu'elle mène avant tout pour ses enfants. Elle veut tout régler avant de mourir. Le placement de ses enfants et aussi cet épisode dont on ne peut que rire : l'achat de son propre cercueil.

"- Qu'est-ce que je peux pour vous ?
- Je voudrais établir un contrat pour régler mes obsèques.
- Les vôtres dites-vous ?
- Oui, j'ai un cancer et je n'en ai plus pour longtemps. C'est une question de semaines, de mois dans le meilleur des cas."
[...] (Après avoir choisi le cercueil)
- Excusez-moi, êtes-vous sûre que l'échéance de votre décès est si proche ?
- On n'est sûr de rien, pourquoi ?
- Pensez-vous avoir une chance de tenir un an ?
- Aucune
- C'est vraiment dommage, parce que si vous pouviez tenir un an, vous pourriez bénéficier d'une réduction importante."

Ou encore cet épisode en chimiothérapie quand Marie-Laure partage sa chambre avec une vieille femme atteinte d'un cancer du poumon incurable.

"... Elle avait une tumeur au poumon incurable et l'humour décapant qui allait avec. On a commencé à fantasmer sur la façon dont on allait claquer, sur les détails de notre enterrement. La vieille dame a lâché en hoquetant :
- Je veux qu'on m'enterre avec mon godemichet !
On avait le fou rire à s'en tordre le bide.
- Et moi, j'exige de partir avec Bob l'éponge pour mes nuits chaudes dans l'au-delà !"

Bref, ce livre m'a touché d'autant plus qu'il est écrit avec des mots simples. De la sincérité et de la simplicité, même devant l'adversité. Avec comme seule force, le courage d'une mère.