samedi 15 septembre 2007

"Elle s'appelle Sabine" de Sandrine Bonnaire

Peu de films m'ont fait pleurer.
Le dernier en date était "Dancer in the dark" de Lars Von Trier.

Je ne parle pas des pleurs tirés grâce à un savant agencement d'images et de musique sur fond d'une histoire larmoyante. Je parle d'autres pleurs. Comme le sang sort d'une blessure, ce sont ceux qui nous viennent quand le film vous blesse et fait mal.

Hier soir, j'ai regardé "Elle s'appelle Sabine" de Sandrine Bonnaire. Sabine - 38 ans aujourd'hui - est la sœur cadette de Sandrine Bonnaire. Enfant "différente", elle a peu à peu sombré, après un passage destructeur en hôpital psychiatrique, dans une forme d’autisme. Récit de son histoire à travers des archives personnelles, filmées par la comédienne sur une période de 25 ans - époque où Sabine n'était pas encore une personne dépendante mais une gamine - et témoignage de sa vie aujourd’hui dans un centre d'accueil médicalisé.

On prend le temps de connaître Sabine et de mettre sur des mots (autisme, handicap) et des symptômes qui font peur, une histoire et des sentiments. Ce documentaire évoque une personnalité attachante, dont le développement et les dons multiples ont été broyés par un système de prise en charge défaillant. Après un passage tragique de cinq longues années en hôpital psychiatrique, Sabine reprend goût à la vie – même si ces capacités restent altérées.

Le film dresse le constat du manque de structures d’accueil spécialisées pour les enfants et les adultes handicapés , qui met les familles aux prises avec des choix déchirants : garder leur enfant, au risque d’une déstabilisation de leurs vies personnelles, ou les interner dans les seules structures disponibles, souvent l’hôpital psychiatrique, décision dont on voit les effets destructeurs sur la personne de Sabine.

Oui, la Sabine d'aujourd'hui se déplace et parle lentement, le dos voûté et le regard fixe. Sabine parfois crie, frappe, bave. Sabine pose inlassablement à sa sœur les mêmes questions dans les mêmes termes : "Est-ce qu’après ma sieste tu seras encore là pour moi ? Est-ce que tu reviendras me voir demain ? Et après-demain, est-ce que tu seras là à nouveau ?"

Simplement bouleversant. Avant tout un cri d'amour....
Et Sabine en echo sous sa couette : «Tu n'es pas une pute, tu es ma soeur. Tu n'es pas une salope, tu es ma soeur.»

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