On considère un enfant, comme un enfant soldat, s'il est un combattant âgé de moins de 15 ans ou de moins de 18 ans selon les législations.
Ce qu’ils subissent
300 000 enfants, dont certains n'ont pas plus de 8 ans, participent directement aux conflits. Ils sont soldats ou porteurs contraints de travailler. Certains autres ont appris à tuer et à torturer. Chair à canon dans les conflits armés, les enfants-soldats sont aussi démineurs, espions, porteurs, esclaves sexuels, gardiens des exploitations de pétrole ou de diamants finançant les rébellions d'Afrique. Dans certains pays, en Afrique en particulier, des enfants, le plus souvent orphelins ou séparés de leur famille, sont enrôlés de force dans l'armée ou dans des bandes qui luttent contre les gouvernements au pouvoir. En Angola, par exemple, ils étaient ainsi 3000 à avoir reçu, dès l'âge de 10 ans, un uniforme, des bottes et une mitraillette. Placés en première ligne lors des attaques, mais souvent livrés à eux-mêmes lors des replis, ces garçons ont participé à plusieurs batailles, ont connu la faim et la peur et se souviennent d'avoir tué des soldats ennemis pour se défendre. Beaucoup d'entre eux sont morts.
Les enfants-soldats sont fréquemment drogués pour devenir insensibles à la peur et à la violence: un ancien rebelle de Sierra Leone, âgé de 14 ans, explique que ceux qui refusaient la drogue étaient abattus.
Qui les « exploitent »
Afghanistan
Algérie
Angola
Birmanie
Burundi
Bosnie-Herzégovine
Colombie
Érythrée
Ethiopie
Fédération de Russie
Liban
Liberia
Îles Salomon
Inde
Indonésie
Iran
Irak
Mexique
Népal
Ouganda
Ouzbékistan
Pakistan
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Pérou
Philippines
République démocratique du Congo
Rwanda
Sierra Leone
Somalie
Soudan
Sri Lanka
Tadjikistan
Tchad
Territoires palestiniens occupés
Timor oriental
Turquie
Yougoslavie
Parmi les pays qui les exploitent, la palme revient à la Birmanie : les enfants-soldats y seraient quelque 50.000. Les enfants-soldats sont aujourd'hui moins nombreux au Proche-Orient ou en Amérique latine, en raison de la réduction du nombre des conflits. Ils seraient 120.000 dans les différentes guerres d'Afrique, et combattent aussi dans les rébellions des Philippines, de Papouasie-Nouvelle Guinée, et les conflits de Macédoine, de Colombie. Même les pays en paix et les pays développés sont frappés par le fléau. En Suède, en Turquie, des enfants d'origine kurde sont recrutés pour aller combattre pour l'indépendance. En tout, ce sont 87 États, dont la liste inclut des pays comme les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui enrôlent des enfants dans les armées régulières, forces paramilitaires, milices civiles ou organisations militaristes -comme les ''Young Marines'' américains- même s'ils ne combattent pas forcément.
Ce qui est fait
En mai 2000, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté un protocole additionnel à la Convention sur les droits de l'enfant, appelant les gouvernements à empêcher la participation aux conflits armés de tout soldat de moins de 18 ans, à interdire leur enrôlement obligatoire et à limiter et protéger l'engagement volontaire. A ce jour, selon l'ONU, 79 pays ont signé le traité et seuls six l'ont ratifié (!).
Témoignage
En 1984, alors qu'elle avait fui un foyer de violence à la recherche d'une mère qu'elle n'avait pas connue, elle a été recrutée de force dans les troupes de la NRA, groupe rebelle dirigé par Museveni (président ougandais) afin de renverser le pouvoir en place en Ouganda. China n'a que 9 ans. Jouer au soldat l'amuse au début, avant qu'elle ne découvre la dure réalité de cette vie. La violence, les viols, la drogue, la mort, la perte de ceux qu'elle aime. En 1986, Museveni prend le pouvoir et China entre dans la police militaire. Pendant plus de dix ans, China n'a eu qu'une seule famille, son fusil-mitrailleur : « C'est ton bien le plus précieux, ton père et ta mère ». Lorsqu'elle le perd un jour, elle s'enfuit, par peur de l'exécution qui menace ceux qui se séparent de leur arme. Fuir l'enfer de la guerre, China a bien tenté de le faire, mais comment vivre « normalement » ? Comment retourner à l'école, redevenir une enfant lorsque l'on ne l'a jamais vraiment été ? Habituée au pouvoir que l'uniforme et la Kalachnikov lui procuraient, elle n'était « plus rien » qu'une ancienne enfant-soldat à l'allure de garçon. Elle est alors repartie vers ce monde qui était le sien, puisqu'elle ne connaissait que lui. « Vos instructeurs décident de votre vie, pour vous, ils sont Dieu, ils ont tout le pouvoir sur vous. » Que pouvait-elle espérer trouver, dans la vie civile ? « Il n'y a pas d'avenir pour les enfants-soldats. » Aucune issue pour eux, qui ne connaissent que la violence des camps militaires. « Je ne me voyais pas comme une enfant, mais comme un soldat. J'avais tué. Le retour à la vie civile me semblait impossible. J'avais perdu ce qui était normal pour moi. A l'armée, vos chefs vous entraînent, vous conditionnent, pensent pour vous. Vous dites "yes, sir !" et vous exécutez. Dans la vie civile, je devais penser seule et c'était trop dur. »
Elle parle à demi-mot des violences sexuelles infligées aux jeunes filles par leurs supérieurs. « Chaque soir, j'appréhendais. On me disait : "Viens me rejoindre !" Comment y échapper ? » A 14 ans, elle accouche de son premier enfant, un fils, fruit du seul amour qu'elle a connu, le lieutenant colonel Drago, mort depuis. En 1995, elle fuit son pays pour l'Afrique du Sud, où elle accouche de sa fille. Enlevée par les services secrets ougandais, elle est torturée et finit par s'enfuir. China ne doit son salut qu'au soutien du HCR, qui lui permet de partir pour le Danemark.
A lire
Allah n'est pas obligé de Ahmadou Kourouma - Prix Renaudot et Prix Goncourt des Lycéens 2000
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