vendredi 4 mars 2011

"A livre ouvert" de William Boyd


L'écrivain Logan Mountstuart (1906-1991) au travers de ses différentes activités - écrivain, critique d'art, indic, ... - a été le témoin de grands évènements du 20ème siècle. Ce livre est une compilation de ses carnets de notes et d'écriture. Quand on commence à lire ce livre, on est aussitôt embarqué dans la vie trépidante et incessante de cet homme qui a eu le privilège de rencontrer des gens ayant fait l'Histoire du 20ème siècle - Hemingway, Picasso, le duc de Windsor, Virginia Woolf, Simone Signoret, etc...

Cependant, lorsqu'on cherche sur Internet des photos ou des témoignages sur la vie de cet homme, on ne trouve rien. Et pour cause : il n'a jamais existé ! Ainsi, William Boyd ne laisse pas d'autre choix à son lecteur que de s'abandonner aux évènements qui s'enchainent avec des détails extraits de la réalité - le texte est annoté avec des références apportant ainsi du crédit aux anecdotes historiques. On se retrouve alors dans un doute persistant. Ce livre relate-il une vie réelle ou relève-il de la fiction ? A mesure que se confronte une certaine réalité mêlée à l'imaginaire, Logan Mountstuart prend corps et nous donne l'illusion d'une vraie vie. Chapeau bas, Monsieur Boyd, un admirable travail de faussaire ! C'est magistral !

Extraits choisis

"(...) comme les aveux qui préludent à presque tous les journaux intimes, le mien aussi devait débuter par l'habituelle résolution de témoigner d'une entière et inébranlable sincérité. J'avais dû faire le serment d'une franchise absolue et affirmer mon refus de ressentir la moindre honte devant les révélations que cette franchise même aurait encouragées. Pourquoi nous exhortons-nous de la sorte, nous, diaristes ? Redoutons-nous la constante menace en nous de la récidive, l'envie profonde de retoucher et de dissimuler ? Y a-t-il des aspects de nos vies - de choses que nous faisons, sentons et pensons - que nous n'osons pas confesser, y compris nous-mêmes, et dans l'intimité absolue de nos annales personnelles ?"

"Pourquoi ai-je attendu si longtemps ? Il ne faut plus jamais que je laisse se développer ainsi ce sentiment de frustration. Il faut que je reconnaisse que je ne suis simplement pas équipé, par tempérament, pour rester à la maison et mener une vie à l'anglaise, rurale et limitée. J'ai un besoin absolu de variétés et de surprise : j'ai besoin de la ville dans mon existence - je suis essentiellement citadin de nature - , et aussi de la perspective et de la réalité des voyages. Sans quoi je vais me dessécher et mourir."

"(...) la seule raison de tenir un journal intime (est) de se concentrer sur les détails personnels et quotidiens et d'oublier les grands évènements importants du monde."

"Et tout à coup, je me demande : est-ce encore un coup de ma malchance que d'être né ainsi, au commencement de ce siècle, et de ne pas pouvoir être jeune à sa fin ? Je regarde avec envie ces gosses et songe à la vie qu'il ont - et auront - et imagine une sorte d'avenir pour eux. Et puis, presque aussitôt, je me dis que c'est là un regret bien futile. Il faut vivre la vie qui vous a été donnée. Dans soixante ans, s'ils ont assez de chance, ces garçons et ces filles seront de vieilles gens qui regarderont la nouvelle génération brillante de garçons et de filles en souhaitant que le temps ne soit pas passé si vite..."

2 commentaires:

Anne-Solène a dit…

cool je vois que tu as aimé le livre! je l'avais dévoré moi aussi :)

Benoît a dit…

Merci à toi de me l'avoir offert !