mardi 27 octobre 2009

USA : le système de santé

Marianne pousse des coups de gueule et bien aujourd'hui, je vais faire pareil ! Et je vais défouler ma colère contre les américains !! On parle moins ces derniers temps de la réforme du système de santé des États-Unis. J'ai pourtant lu un sondage américain montrant que 2/3 des américains étaient contre. Ma grande interrogation (et colère) : pourquoi ?!

Pour essayer de trouver la réponse, il faut déjà analyser le système de santé. Aujourd'hui, il correspond à l’absence de tout système national obligatoire d’assurance maladie qui conduit près de 43 millions d’Américains, soit 15 % environ de la population, à ne disposer d’aucune protection contre la maladie. Les 2/3 des Américains sont assurés par le biais de leur employeur. Une chance pour eux - qu'ils paient aussi en passant.

Mais ne soyons pas négatif ! Il existe quand même des cliniques "gratuites" ! Et vous allez voir, c'est quand même assez stupéfiant ! Vous voulez vous faire soigner une carie - plutôt que de vous arracher la dent vous-même. Vous vous dirigez vers la clinique et là ! surprise ! Une queue d'attente de 9h !



Septembre 2009 - clinique dentaire gratuite à Brighton (Colorado)

Pas de chance, vous auriez dû vous rendre dans une autre clinique. N'y comptez pas ! C'est pareil ! Et même pire... Pire ? Rendons-nous à la clinique privée gratuite d'Arlington (Virginie). 75 personnes qui font la queue en silence. Ils sont contents car aujourd'hui, ils participent à un tirage au sort bien particulier. Celui qui leur donnera, ou non, accès à des soins médicaux ! Et pourtant pour certains, c'est une question de vie ou de mort. Traiter un diabète ou obtenir une chimiothérapie. Maintenant, la santé est une loterie. "C'est le jeu ma pov' Lucette !"

Car il faut être chanceux et "en plus" remplir les critères de l'établissement (habiter le comté d'Arlington depuis plus d'un an, avoir plus de 18 ans et moins de 65, n'être détenteur d'aucune assurance). La responsable vous distribue une lettre de l'alphabet sur papier orange, comme à tous les participants. "L'organisatrice" plonge sa main dans l'urne pour le tirage. Le silence est lourd. "B !", dit la responsable. Plusieurs personnes se lèvent et cachent mal leur joie. La responsable recommence. Cette fois, c'est "N !". Au total aujourd'hui, 20 heureux élus ! Pour les autres, il faudra retenter sa chance dans 15 jours. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que le sort lui sourit. Quand on proteste, la responsable se défend : "C'est le moyen de sélection le plus juste que nous ayons trouvé".

A qui jeter la pierre ?! Certainement pas à ces cliniques gratuites. Ne supportant plus de voir des patients incapables de payer, les médecins d'Arlington se sont mobilisés il y a 15 ans pour créer la clinique gratuite et pallier les failles béantes du système de santé. Le tout financé par des donations. Quelques 500 volontaires dont 150 médecins donnent de leur temps...

Par ailleurs, si beaucoup de patients sont des sans-papiers, la plupart sont des Américains de la classe moyenne inférieure qui n'entrent pas dans les critères de Medicare et Medicaid, les assurances d'État fournissant une couverture maladie aux plus pauvres, aux personnes âgées et aux enfants». Et c'est là, un des gros points de la discorde sur la réforme Obama. Les américains pensent qu'elle avantage les marginaux, mais ceux-là sont déjà couverts ! Le projet Obama vise les classes moyennes fragilisées, qui gagnent juste un trop pour coller aux critères de Medicaid et pas assez pour avoir une assurance ! De plus, ces gens ne réalisent pas que la ligne de partage entre les assurés et les autres est ténue. Avec la crise économique, 10 000 personnes perdent leur assurance chaque semaine !!!

En fait, il s'agit d'un cercle vicieux. Car si vous n'avez pas d'argent, vous ne vous soignez pas et vous finissez aux urgences avec une maladies gravissime. Et les urgences sont dans l'obligation de vous opérer et/ou de vous soigner. Mais vu le nombre de patients insolvables, les frais d'opération sont finalement payés... par le contribuable ! Ce qui démultiplie le coût du système ! Obama lui veut traiter le problème à la base et les américains ne comprennent pourtant pas !!

Derrière la bataille (médiatique) menée par Obama,il y a aussi une bataille politique, celle des lobbys et des intérêts particuliers allant de l'industrie pharmaceutique aux compagnies d'assurances en passant par les syndicats ou les associations de médecins. La réforme représente 8 % de l'économie américaine. Ce qui suscite autant d'inquiétudes que de convoitises. Barack Obama avait appelé pendant sa campagne électorale à en finir "avec ce système d'intérêts spéciaux qui a corrompu en profondeur le système de pouvoir américain". En promettant de nettoyer tout ceci, il ne s'est pas fait que des amis...

Et dans ce combat, l'argent coule à flot des 2 côtés des «barricades». L'AARP, un lobby défendant les intérêts des retraités, plutôt favorable à la loi, a dépensé des millions de dollars en publicité et en actions diverses, envoyant notamment près de 8 millions de mails sur Internet. Les principaux syndicats, favorables à la mise en place d'une couverture universelle d'État, ont aussi beaucoup investi dans la défense du projet Obama. Dans l'autre camp, firmes pharmaceutiques, compagnies d'assurances privées et groupes conservateurs s'activent tout autant pour discréditer les éléments du plan santé, qu'elles jugent contraires à leurs intérêts. Ne soyons pas dupe, Obama sait que les «vaincre» est impossible, voire contre-productif. Mais pour acquérir l'étoffe d'un grand réformateur, il va falloir qu'il s'élève au-dessus de cette mêlée d'intérêts particuliers pour définir l'intérêt général. Ainsi se fabrique, dans la contradiction et la douleur, le rêve américain...

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